Les Européens au Japon, 1543-1650 (2nde H4)

Cette étude de cas s’inscrit dans le chapitre IV du cours de Seconde intitulé Nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l’époque moderne. Elle n’est pas au programme officiel mais constitue une ouverture sur la zone Asie-pacifique dans le cadre de la préparation d’un voyage scolaire au Japon.

Cette vidéo d’introduction permet de contextualiser la période étudiée. Elle comporte également des éléments de réponse pour les différents exposés !

Problématiques

Comment la mise en relation de l’Europe et du Japon participe-t-elle à la construction d’une modernité qui rapproche les espaces et les cultures ? Quelles en sont aussi les limites ?

Compétences

cette étude permet de mobiliser une grande partie des compétences travaillées en classe de Seconde.

II Compétences du B2i

Je sais utiliser une plate-forme de travail de groupe

Je mets mes compétences informaztiques à la disposition des autres

je sais créer et modifier un document numérique composite transposable et publiable

je sais utiliser des outils permettant de travailler à plusieurs sur un même document

je sais utiliser les fonctions avancées des outils de recherhce sur internet

Compétences de la Culture humaniste

I- Maîtriser des repères chronologiques et spatiaux

1) Identifier et localiser

  • nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques
  • nommer et localiser les grands repères géographiques terrestres
  • situer et caractériser une date dans un contexte chronologique
  • nommer et localiser un lieu dans un espace géographique

2) Changer les échelles et mettre en relation

  • situer un événement dans le temps court ou le temps long
  • repérer un lieu ou un espace sur des cartes à échelles ou systèmes de projections différents
  • mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations spatiales différentes (approches diachroniques et synchroniques)
  • confronter des situations historiques ou/et géographiques

II- Maîtriser des outils et méthodes spécifiques

 1) Exploiter et confronter des informations

  • identifier des documents (nature, auteur, date, conditions de production)
  • cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée

2) Organiser et synthétiser des informations

  • décrire et mettre en récit une situation historique ou géographique
  • rédiger un texte ou présenter à l’oral un exposé construit et argumenté en utilisant le vocabulaire historique et géographique spécifique

3) Utiliser les TIC

  • pour rédiger des textes, confectionner des cartes, croquis et graphes, des montages documentaires

 III- Maîtriser des méthodes de travail personnel

1) Développer son expression personnelle et son sens critique

  •  utiliser de manière critique les moteurs de recherche et les ressources en ligne (internet, intranet de l’établissement, blogs)
  • développer un discours oral ou écrit construit et argumenté, le confronter à d’autres points de vue
  • participer à la progression du cours en intervenant à la demande du professeur ou en sollicitant des éclairages ou explications si nécessaire

2) Préparer et organiser son travail de manière autonome

  • mener à bien une recherche individuelle ou au sein d’un groupe ; prendre part à une production collective


 

I. L’arrivée des Européens [étude de documents]

Note : la plupart des documents sont tirés de Tanegashima: The Arrival of Europe in Japan de Olof G. Lidin, 2002

En l’an de grâce 1542 Diogo de Freitas se trouvait en royaume de Siam, dans la cité de Dodra en tant que propriétaire d’un bateau, et il vint à lui 3 Portugais, à bord d’une jonque en route pour la Chine. Leurs noms étaient Antonio da Mota, Francisco Zeimoto et Antonio Pexoto. Ils firent voile dans la direction de Liampo (Ning-po), à 30 degrés de latitude. Puis ils rencontrèrent une telle tempête, et en quelques jours ils aperçurent un île vers les 32 degrés de latitude est, qu’on appelle japõens, qui semble être l’île de Sipangas, dont les écrivains évoquent les richesses. Et cette île du Japon possédait de l’or, beaucoup d’argent et d’autres richesses

Antonio Galvano, Tratado dos descobrimentos antigos e modernos

(découvertes du monde des origines à notre an de grâce), 1557

Du Portugal au Japon Nishinomura
 

Dans le 8e mois de la 12e année [=1543], un bateau de nanbansen vint s’échouer sur le rivage de Nishinomura. [Les barbares du sud de ce bateau] transportaient des mousquets et ils en offrirent deux en guise de cadeau aux seigneurs de l’île [Shigetoki et Tokitaka]. Les seigneurs se montrèrent très heureux de ces choses merveilleuses reçues d’une autre contrée, et Kiyasada et ses apprentis reçurent l’ordre d’en apprendre la technique de fabrication.

yaita-shi Kiyosada ichiru no keizu, (Généalogie de premier ordre de Yaita Kiyosada*)XVIIe siècle

[* : merci à Ryota pour la traduction]

Questions

  1. Quels Européens arrivent au Japon et dans quelles conditions ?
  2. Quelles difficultés se posent pour un contact durable ?
  3. Quels sont toutefois les éléments qui vont permettre des échanges durables ?

II. Identité et échanges [Exposés]

Consignes pour l’organisation  de l’exercice, et précisions sur les parties donnant lieu à une évaluation chiffrée :

  1. Travailler en groupe (5 groupes d e4 personnes)
  2. Respecter le hashtag et le support proposé
  3. Préparer un mini exposé à partir des ressources et liens proposés
  4. Transférer les informations sur le Google Doc commun pour la mutualisation de l’information
  5. Présenter l’exposé [Évaluation : qualité de l’information,du support et de l’expression orale individuelle]
  6. en fin de séance, produire une synthèse écrite individuelle et manuscrite pour répondre aux problématiques initiales [Évaluation : qualité de l’information , de l’organisation et de l’expression]

Exposé 1 – la situation politique du Japon

Problématique : dans la période concernée, quel contexte politique a permis le développement des relations avec les Européens et pourquoi le Japon se ferme-t-il au milieu du XVIIe siècle ?

Hashtag : lfid1

Support : Scrumblr [Lien]

L’époque Sengoku est riche en événements et il ne faut pas se perdre dans la chronologie en insistant sur des faits majeurs et des personnalités comme les Trois unificateurs Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi  et Tokugawa Ieyasu

La fermeture du Japon : le 22 juin 1636, le Shogun Iemitsu donne des instructions aux deux « bugyo » – gouverneurs – de Nagasaki

« 1. Aucun navire japonais n’est autorisé à partir vers d’autres pays.
2. Aucun Japonais ne doit se rendre secrètement à l’étranger. Quiconque le tentera sera mis à mort ; le navire et son propriétaire seront saisis jusqu’à ce que les hautes autorités aient été informées.
3. Tout japonais vivant actuellement à l’étranger qui essaiera de revenir au Japon sera mis à mort. […]
6. Tout navire étranger qui se présentera devra être surveillé par des navires fournis par le han d’Omura pendant qu’un rapport sera transmis à Edo, comme il a été fait jusqu’ici.
7. Tout étranger qui aidera les  bateren  ou autres criminels étrangers sera emprisonné à Omura, comme il a été fait jusqu’ici. […]
9. Aucun enfant des Barbares du Sud ne sera autorisé à rester au Japon. Quiconque violera cet ordre sera mis à mort, et les parents punis selon la gravité du délit.
10. Tout Japonais ayant adopté un enfant des Barbares du Sud mériterait mort. Cependant de tels enfants adoptés et les parents adoptifs seront remis aux Barbares du Sud pour être déportés.
11. Tout déporté qui tentera de revenir ou de communiquer avec la Japon par lettre ou autrement sera naturellement mis à mort si l’on peut se saisir de lui, tandis que ses parents seront traités sévèrement, selon la gravité du délit.
12. Les samurais ne sont pas autorisés à entretenir des relations commerciales directes avec les marchands étrangers ou chinois à Nagasaki.
13. Personne, en dehors des « cinq villes » [Edo, Kyoto, Osaka, Sakaï – le port d’Osaka – et Nagasaki] n’est autorisé à participer à l’itowappu [la vente de soie en gros aux guildes des négociants en soie] et à la fixation des prix de la soie. »

Tiré de Jean Lequiller, Le Japon, Paris, 1966, p 30.

Exposé 2 – Bouddhisme et Shintoïsme au Japon

Problématique : quelles sont les deux religions pratiquées par les japonais à l’arrivée des Européens ?

Hashtag : lfid2

Support : Prezi

Les ressources sont nombreuses et éparses. Le shintoïsme est très lié à l’histoire du Japon, et se traduit notamment dans l’architecture.

Le bouddhisme Zen est une branche du bouddhisme du grand véhicule arrivé par la Chine (on prendra bien soin de na pas le confondre avec le sens commun utilisé pour qualifier quelque chose de tranquille). ce reportage peut apporter une lumière concrète :

Exposé 3 – Saint François Xavier et la christianisation

Problématique : quel est le rôle de François Xavier et la christianisation est-elle un succès ?

Hashtag : lfid3

Support : Storify

François Xavier en Asie Bible en japonais  Exécution de 26 chrétiens à Nagasaki en 1597
 

Le jésuite François Xavier arrive au Japon

Cangoxima, 3 novembre 1549.

[…] Enfin, le jour même de l’Assomption de la Sainte-Vierge, 15 août 1549, nous touchions cette terre après laquelle nous avions tant soupiré ! N’ayant pu aborder ailleurs, nous débarquâmes à Cangoxima, qui précisément est la patrie de Paul de Sainte-Foi ; nous y fûmes parfaitement accueillis par ses parents, ses amis et ses concitoyens.
Maintenant, voici quelques détails sur les îles japonaises, au moins sur ce que j’ai pu voir et apprendre par moi-même.
De tous les peuples barbares que j’ai vus, nul ne peut être comparé à celui-ci pour la bonté de sa nature. Il est d’une probité parfaite, franc, loyal, ingénieux , avide d’honneurs et de dignités. L’honneur est pour lui le premier de tous les biens. Il est pauvre, mais chez lui la pauvreté n’est pas méprisée. La noblesse pauvre n’est pas moins considérée que si elle était riche, et jamais l’indigence ne déterminerait un gentilhomme à se mésallier pour relever son nom par le secours d’une opulence plébéienne : il croirait s’avilir. Les Japonais sont obligeants. Ils ont un goût excessif pour les armes, qu’ils considèrent comme une sauvegarde indispensable. Tout le monde est armé, les petits comme les grands : tous portent à la ceinture un poignard et une épée, même les enfants de quatorze ans, et ils ne comprennent pas qu’on supporte une parole offensante.

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Lettre de saint François Xavier aux pères de la Compagnie de jésus résidant à Goa (Inde)

Consultez ce texte, assez long donc à plusieurs. Puis, voyez comment le christianisme apparaît de plus en plus comme ennemi de l’État : rôle de Toyotomi Hideyoshi, massacres de 1597 et de 1616, rébellion de Shimabara. Notez que trois jésuites japonais sont évoqués à Cambrai.

les instructions du Shogun Iemitsu, en juin 1636, aux deux « bugyo » – gouverneurs – de Nagasaki

[…]
4. Si un chrétien est découvert, vous ferez tous deux une enquête complète.
5. Toute personne qui révélera la résidence d’un  bateren  [Père jésuite] recevra 2 à 300 pièces d’argent. Si d’autres catégories de chrétiens sont découvertes, les informateurs seront récompensés comme vous le jugerez bon, selon ce qui a été fait jusqu’ici. […]
7. Tout étranger qui aidera les  bateren  ou autres criminels étrangers sera emprisonné à Omura, comme il a été fait jusqu’ici.
8. On recherchera avec soin les  bateren  sur tous les navires arrivant dans le port.

Tiré de Jean Lequiller, Le Japon, Paris, 1966, p 30.

Exposé 4 – les échanges commerciaux

Problématique : quels sont les acteurs, les lieux et les produits des échanges commerciaux ?

Hashtag : lfid4

Support : Carte mentale

 La carte de Mercator, 1587  Le commerce mondial au XVIe s.  Le port de Dejima
 

Il faut commencer par explorer les différent thèmes de l’article de Wikipédia sur le commerce nanban et sa version anglaise. Le site web de la ville de Nagasaki propose un espace dédié à la l’île de Dejima.

Exposé 5 – les échanges culturels

Problématique : quels échanges culturels ont été possibles ?

Hashtag : lfid5

Support : Diaporama classique

Art pictural nanban Kirishitan en costume portugais

Au japon, l’art nanban, les costumes européens des kirishitans (chrétiens) sont des signes d’une petite influence occidentale. D’un point de vue européen, la place du Japon évolue d’abord dans sa représentation cartographique. On pourra ensuite étudier l’impact de la première ambassade japonaise de 1582 et de celle de 1613-160 1613-1620, qui passe par le port de saint Tropez qui suscite ce texte:

Ils se mouchent dans des mouchoirs de papier de soie de Chine, de la grandeur de la main a peu près, et ne se servent jamais deux fois d’un mouchoir, de sorte que toutes les fois qu’ils se mouchaient, ils jetaient leurs papiers par terre, et avaient le plaisir de les voir ramasser a ceux qui les allaient voir, où il y avait grande presse du peuple qui s’entrebattait pour en ramasser, principalement de ceux de l’Ambassadeur […]

Leurs épées et dagues sont faites à la manière des cimmetterre, très peu courbes, et de moyenne longueur et sont si fortement tranchantes qu’y mettant un feuillet de papier et soufflant, ils coupent le papier, et encore de leur papier qui est beaucoup plus délié que le notre et est fait de soie sur lesquels ils écrivent avec un pinceau.

D’après les Relations de Mme de St Troppez, octobre 1615, Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras

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