Classe numérique : l’avis des élèves

Voilà trois ans que la classe numérique est implantée dans l’établissement. Les élèves de Terminale commencent à avoir du recul, mais ceux de seconde ne sont pas en reste est démontrent déjà une capacité à développer un regard intéressant sur les outils utilisés. Ce discours ne me semble pas spontané mais se développe très vite pour peu qu’on les interroge. Voilà pourquoi je leur ai adressé une petite enquête, concernant les usages en Histoire-Géographie.

Qu’en ressort-il ? Commençons par les outils qui faisaient l’objet des premières questions. En logiciels en dur, c’est-à-dire installés sur les machines, LibreOffice, Xournal ou encore Freemind sont souvent cités comme particulièrement intéressants, mais aussi parfois Shutter pour faire des copies d’écran. En ligne, les élèves aiment le Drive et Dropbox pour la gestion fichiers et surtout la suite des Google Docs, notamment pour l’édition collaborative du cours commun.

« Le cours commun est, pour moi, une excellente idée car cela permet à l’ensemble de la classe de pouvoir avoir le cours complet, afin de réviser correctement pour les contrôles »

Prezi est aussi largement plébiscité, jugé plus intéressant que Powerpoint à plusieurs reprises, à côté de Mindmup ou Storify. La mention du mail revient aussi souvent, prouvant qu’il n’est pas considéré comme un outil désuet et qu’avoir une adresse professionnelle permet de mieux s’y retrouver.

« C’est aussi le 1er véritable compte mail pour le travail, donc auquel je me suis habituée. Le mail eleves.lfiduras.com est très utile grâce a son répertoire (mails de tout le monde, pas d’erreur) »

En revanche l’ENT, basé sur Owncloud, n’a pas encore complètement trouvé sa place, concurrencé qu’il est par le Drive et du fait d’un outil de travail collaboratif moins performant et sans doute moins convivial : son usage semble rester périphérique.

Il semble toutefois exister une fracture en ce qui concerne la carte mentale. C’est un très bon outil pour certains, d’autres ne s’y retrouvent pas.

« La carte mentale (Freemind ou Freeplane) […] me permet de faciliter la lecture du cours et de moins s’embrouiller. Il est facile à utiliser et il est très utile. »

« Je n’aime pas faire des cartes mentales , trop long et on ne peut pas mettre beaucoup de description sinon cela devient vite illisible. »

Twitter n’est finalement traité qu’en second plan. Soit pour signaler que c’est intéressant, soit pour regretter la limitation ou penser qu’on ne le maîtrise guère.

De leur côté, pour un usage personnel, les élèves utilisent d’autres outils et bien sûr beaucoup de réseaux sociaux :  Skype, Facebook, Snapshat, Viber, Instagram, Whatsapp et Tumblr dans une moindre mesure semble-t-il. Pour autant, ils ne souhaitent globalement pas les voir intégrer dans les cours, à part éventuellement Skype. Trois raisons sont avancées : les outils déjà utilisés sont suffisants, il faut rester sérieux pour travailler et surtout délimiter la frontière entre vie privée et vie personnelle, loisir et travail.

« Je pense qu’il est important de séparer travail et loisir. C’est pourquoi je préfère ne pas me sentir travailler lorsque j’utilise Skype ou VIber « 

C’est donc plutôt une bonne nouvelle : les « jeunes » ont conscience de ce débat et protègent leur vie privée en ayant parfois conscience que ces outils pourraient avoir un usage dépassant le simple cadre pédagogique.

« ENT : n’utilise pas, sauf pour aller chercher les documents. Semble très contrôlé par l’école, ou du moins, contrôlable. Idem pour le gmail pro : réticence à l’utiliser, même pour un cadre purement scolaire (rien a cacher). Même si ça ne pourrait pas être le cas, impression de contrôle (j’irai loin si je disais soumission…) »

D’ailleurs, ils estiment que l’interaction entre les élèves est globalement satisfaisante et ne voient guère comment l’améliorer : en utilisant Facebook, par des groupes plus petits avancent certains.

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Il en va de même avec l’enseignant, notamment grâce à l’usage du mail. Mais une question apparaît parfois : comment améliorer le synchrone, que ce soit pour obtenir des réponses plus rapidement ou interagir lors des révisions d’un devoir.

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Finalement la classe numérique joue aussi un rôle important dans la motivation :

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Au niveau des points positifs, on met en avant la rapidité de la prise de note ou encore la lisibilité

« Pour les personnes ayant une écriture « laide », on peut facilement se démoraliser en relisant son cours car il est illisible »

Le cours commun est également très apprécié pour rattraper quand on est absent ou être sûr de ne rien rater. Il en va de même avec les travaux de groupe (même s’il faut des groupes plus petits pour que tout le monde travaille) et globalement l’entraide. On s’organise mieux, et on apprécie de pouvoir plus facilement corriger ou modifier un texte. Les capsules vidéos sont parfois mentionnées et jugées utiles. Un rapide sondage en classe de Seconde a toutefois montré que les élèves ont du mal à tenir si elles durent plus de 10 minutes, ce qui est cohérent avec ce que montrent un certain nombre de recherches.

Certains élèves signalent toutefois que la motivation reste un ressort personnel relevant de leur responsabilité. Bien sûr, avec lucidité, ils notent aussi le risque de distraction offert par le web. Mais il y a aussi d’autres problèmes relevés : l’agacement quand un logiciel ne fonctionne pas ou que le réseau est défaillant ; le risque de se reposer sur les autres pour le cours commun ; avoir un cours moins personnalisé donc peut-être plus difficile à s’approprier ; la fatigue lié à l’écran ; et même parfois une certaine nostalgie de l’écriture.

« Cependant on perd un peu l’habitude d’écrire et c’est ce qui me manque… »

Cette étude rapide montre donc que beaucoup d’usages et d’outils sont implantés et devenus incontournables. La classe numérique semble aussi jouer un rôle important dans la motivation, mais elle reste un projet à améliorer avec patience et constance.

Une réflexion sur « Classe numérique : l’avis des élèves »

  1. Merci pour cette super étude. Je me retrouve un peu dans ta situation .mais je ne me suis pas encore lancé dans la classe numérique. Grâce a coi je me lancerai plus tôt. Merci encore

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