Étude d’une ville monde – tâche complexe en 4e

Question : Miami est-elle une ville connectée à l’espace monde ?

Ressources :

Forme :

  • Créez un document OnlyOffice par groupe dans Nextcloud
  • Partagez le avec votre professeur
  • Indiquez les noms des membres du groupe
  • Rédigez un paragraphe argumenté et nuancé pour répondre à la question
  • Vous pouvez ajouter des copies d’écran
  • À la fin, signalez les liens des ressources utilisées

 

Le périple de l’Aquarius : créer une carte interactive avec les élèves

Présentation

Ce billet vise à proposer une activé utilisant des outils en ligne et de la collaboration pour suivre l’itinéraire d’un bateau humanitaire de sauvetage de migrants et mieux comprendre les enjeux politiques autour de cette question. Il s’agit d’un projet réalisé avec une classe de 4e dans une forme d’urgence liée à l’activité médiatique de la mi-juin 2018, mais qui peut servir de point de départ pour des travaux de plus longue durée.

Production finale : le trajet de l’Aquarius du 14 au 18 juin 2018 et la situation géopolitique

  • Les petites épingles bleues correspondent aux relevés des positions de l’Aquarius effectués par les élèves
  • Les repères rouges donnent accès aux exposés audio sur la question du positionnement politique des différents acteurs de cette crise
  • Les repères bleus, sur le trajet du bateau, donnent accès aux exposés audio relatifs à SOS Méditerranée

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Contexte & déroulé chronologique

10 juin 2018 : début de la crise lorsque l’Italie et Malte refusent de laisser accoster l’Aquarius, navire humanitaire qui a sauvé plus de 600 migrants au large de la Libye

14 juin 2018 : idée – partagée sur Twitter – de suivre le trajet de l’Aquarius grâce au site MarineTraffic :

15 juin : lancement de l’activité avec une classe de 4e

18 juin : bilan des recherches et enregistrement des exposés dans le studio de la webradio

19 juin : finalisation de la carte par l’enseignant

Objectifs de l’activité

Programme

Le travail peut s’inscrire dans deux thèmes du programme de géographie et dans plusieurs de celui d’EMC :

  • Thème 2 – Les mobilités humaines transnationales : Un monde de migrants
  • Thème 3 – Des espaces transformés par la mondialisation : Mers et océans : un monde maritimisé
  • EMC – Égalité et solidarité, le droit et la justice, information et médias

Compétences

  • construire des repères spatiaux (nommer, localiser, situer, caractériser un lieu ou des espaces)
  • analyser et comprendre un document
  • s’informer dans le monde du numérique
  • travailler de manière collaborative
  • s’exprimer à l’écrit et à l’oral

Outils utilisés

On utilise les fonctionnalités de l’usage gratuit de deux sites :

Tous les outils numériques pour produire de l’information sont libres :

  • Un tableur en ligne collaboratif avec l’ENT de l’établissement (OnlyOffice dans Nextcloud). On peut aussi avoir recours à Framacalc
  • Un éditeur de texte en ligne collaboratif avec l’ENT de l’établissement. On peut aussi avoir recours à Framapad
  • Le studio de la webradio. À défaut un micro branché sur l’ordinateur peut être aussi efficace.
  • Audacity pour le montage et l’amélioration des pistes audio
  • La carte en ligne collaborative uMap

Organisation du travail

L’activité a été menée en fin d’année alors qu’il ne restait plus que deux heures de cours.

Heure 1

  • les élèves prennent connaissance de la crise en cours
  • définition du projet par l’enseignant
  • les élèves créent une feuille de calcul collaborative
  • les élèves apprennent à utiliser MarineTraffic pour relever les données de géolocalisation du bateau et les reporter dans la feuille de calcul
  • les élèves se répartissent en groupe et s’approprient un thème d’étude parmi ceux proposés par l’enseignant : l’association SOS Méditerranée, le positionnement politique des différents États (Malte, Italie, Espagne, France), la situation de la Libye, l’origine des migrants.

Hors classe – élèves

  • Durant le week-end des 16 et 17 juin, les élèves relèvent la position du bateau sur la feuille de calcul en ligne
  • Ils créent un document collaboratif de groupe pour faire le bilan de leurs recherches et préparer leur exposé

Heure 2

  • par groupe, les élèves enregistrent l’exposé qu’ils ont préparé

Hors classe – professeur

Faute de temps scolaire, c’est le professeur qui :

  • fait le montage audio/image et téléverse les petites vidéos sur Viméo
  • génère la carte uMap
  • exporte la feuille de calcul en format CSV pour l’importer dans la carte uMap et faire ainsi apparaître le tracé du bateau
  • place les repères en incrustant les vidéos

Bilan

Il est bien sûr difficile de produire un bilan en profondeur sur une durée si courte. On pourra regretter :

  • des relevés de position sur une durée trop courte
  • la manque de temps pour que les élèves
    • retravaillent leur enregistrement, créent la petite vidéo et surtout placent les repères sur la carte
    • débattent de la question migratoire à partir du travail effectué
    • proposent un feedback de l’activité

Toutefois, le déroulé chronologique montre que malgré la pression du temps il est possible d’être réactif face à une crise médiatique et d’impliquer les élèves pour mieux la comprendre. On voit aussi que les outils utilisés offrent une grande souplesse, et notamment uMap, abondamment utilisé dans le projet sur les hyper-lieux.

MàJ 22 juin 2018 : ce billet a donné lieu à une interview publiée sur le site du Café Pédagogique.

Éducation aux médias & liberté d’expression

1. La liberté d’expression

Ce que dit la loi

Article 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des  droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 26 août 1789

Article 19. Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948

Article 1er. L’imprimerie et la librairie sont libres.

Article 5. Tout journal ou écrit périodique peut être publié, sans autorisation préalable et sans dépôt de cautionnement (…).

Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse

  1. Comment la loi définit-elle la liberté d’expression ?
  2. Comment cette liberté d’expression peut-elle se manifester ?

La caricature

Consultez cette exposition en ligne de la BNF.

  1. Comment peut-on définir la caricature ?
  2. Depuis quand existe-elle ?
  3. En général à quoi sert-elle ?
  4. Choisissez une des caricatures et expliquez pourquoi vous la trouvez intéressante ?

Quelles limites ?

Quatre jours après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty […] parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, l’exécutif pointe du doigt la responsabilité des réseaux sociaux dans la radicalisation de certains individus.

Les jours précédant la mort de Samuel Paty, des messages et des vidéos appelant à la suspension du professeur d’histoire ont largement été relayés sur Internet. Le terroriste a revendiqué son acte sur Twitter et diffusé une photo de la victime, restée près de deux heures en ligne. Une éternité à l’échelle des réseaux sociaux. […]

La ministre déléguée à la Citoyenneté a donc décidé de convoquer […] les patrons pour l’Hexagone des grandes plateformes – Facebook, Twitter, Google, TikTok et Snapchat – afin de trouver des moyens de mieux contrer le « cyberislamisme ». […] L’eurodéputé Les Républicains Geoffroy Didier et le président ex-LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand plaident de leur côté pour la levée partielle de l’anonymat sur Internet avec l’obligation de révéler son identité à l’hébergeur. Mais là encore, il semble que mettre fin à l’anonymat est contraire aux libertés.[…]

Il faut aller plus loin, jugent certains observateurs des questions d’islamisation. « Il est surtout nécessaire que les responsables politiques cessent d’alimenter les polémiques autour des intégristes comme la question du voile ou du burkini à des fins électoralistes, répète à l’envi le sociologue Raphaël Liogier dans les médias depuis 2015 et les attentats de Charlie Hebdo. Car ils créent de toutes pièces une guerre qui devient l’objet de désir de tous ceux qui veulent s’en prendre à la société. Les responsables politiques sont bien plus responsables de l’islamisation de la société que les réseaux sociaux eux-mêmes, qui ne sont que des moyens », conclut le sociologue.

France 24, 20/10/2020

Peu adeptes de la télévision et de la radio, les 15-34 ans n’en sont pas moins férus d’actualité, d’après une étude de Médiamétrie. […] La démocratisation des smartphones – près de 95 % des 15-34 ans en sont équipés, contre 65 % dans le reste de la population – a sonné le glas du petit écran chez les jeunes. […] En 2017, la durée consacrée quotidiennement à regarder la télévision a diminué de 14 minutes, tandis qu’elle a progressé de 4 minutes sur les trois écrans Internet (ordinateur, tablette et téléphone portable), pour une durée d’écoute totale individuelle de 2 heures 20. La radio ne s’en tire pas mieux : la part des jeunes qui affirment l’écouter au moins une fois par jour est tombée à 40,5 % en 2016 (– 11,6 % par rapport à 2008).

Cette classe d’âge n’en demeure pas moins friande d’actualité. Ainsi, 93 % des sondés affirment s’intéresser à l’information à des degrés divers. Près d’un jeune sur six déclare même y être accro. Parmi les thématiques consultées, l’actualité internationale arrive en tête, devant les faits divers et l’actualité locale.

Pour s’informer, ils privilégient les réseaux sociaux à 71 %, d’après la même étude. Si les usages changent, les sites des médias traditionnels restent prédominants : « En 2017, parmi le top 10 des plates-formes les plus consultées quotidiennement par les 15-34 ans, on retrouve des titres de presse (Le Monde, 20 Minutes, Le Figaro, etc.) et des chaînes de télévision (BFM-TV, Franceinfo) », souligne l’étude. […] Les forums sont aussi utilisés pour partager et commenter les informations. « Je fréquente beaucoup le 18-25 de Jeuxvideo.com [l’un des forums les plus actifs et les plus sulfureux en France]. J’y trouve des informations que l’on ne voit pas ailleurs », explique Raphaël, jeune bachelier de 17 ans. Au risque de se laisser duper par les fausses informations qui prolifèrent sur les forums et les réseaux sociaux ? Plus d’un tiers des enfants âgés de 10 à 18 ans ont relayé une « fake news » au cours des six derniers mois, selon une étude menée par l’organisme californien Common Sense Media auprès de 900 enfants aux États-Unis. […]

Le Monde, 24 août 2018

  1. Pouvez-vous définir ce qu’est un « réseau-social » ?
  2. Quelle partie de la population s’en sert le plus ?
  3. Quels sont leurs avantages et inconvénient en terme d’accès à l’information ?
  4. Pourquoi peuvent-ils aussi finir par devenir un risque ?
  5. Selon vous, contrôler complètement ces réseaux est-il compatible avec le liberté d’expression ?

2. Fake news, complots : comment s’en prémunir ?

Fake news ?

Le terme de fake news a été popularisé ces dernières années. Il désigne la diffusion de fausses nouvelles. Ce n’est toutefois pas un phénomène récent : l’information a toujours été un enjeu pour défendre des intérêts et des idéologies. Mais aujourd’hui les outils de communication comme les réseaux sociaux amplifient le risque d’en être victime.

Des outils contre les Fake news

Le premier conseil est d’appliquer des règles simples :

  • une information spectaculaire peut-être douteuse
  • une information qui sous entend un complot est sûrement douteuse
  • l’information est-elle conforme avec la logique et mes connaissances ?
  • quelle est la source de l’information ?
  • attention à l’influence de l’image : ce n’est pas une preuve, c’est un objet qu’il faut aborder avec un regard critique
  • ce n’est pas parce qu’une information est partagées par des centaine sou des milliers de gens qu’elle est plus valide

Des outils existent pour vous aider :

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Enquête dans le temps : la crise de 1905 (Histoire – 4e)

Sorti en décembre 2016 chez les Space Cowboys, le jeu compétitif Watson & Holmes offre une mécanique intéressante : des cartes représentent des lieux, et chaque joueur doit s’y rendre pour collecter des indices qui se trouvent au verso. Le premier à pouvoir répondre aux questions a gagné.

Pour cette fin d’année, j’ai décidé de l’adapter afin de traiter de la crise de 1905, dans le cadre du cours de 4e sur la IIIe République (Thème III – Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle).

Dans l’histoire qui sert de lancement au jeu, les élèves se constituent en équipes d’enquêteurs qui peuvent voyager dans le temps. Il faut retrouver trace d’un traître, qui vient de se servir de ce voyage pour tenter de modifier le cours de l’Histoire. Il a usurpé une identité et entend provoquer une crise devant conduire à une guerre mondiale prématurée en espérant que l’issue en soit différente : il faut découvrir son identité et surtout comprendre son plan. Tout ceci est présenté dans une fiche briefing distribuée à chaque groupe.

Au cours de l’enquête, les équipes relèvent des indices qui les obligent à bien comprendre le contexte de la loi de 1905 et des affrontements que les débats suscitèrent.

L’idée de scénariser cette leçon se fait en tenant compte des compétences à travailler signalées par la fiche Eduscol :

« Le centrage du thème sur la démocratie permet de travailler particulièrement la compétence « analyser et comprendre un document » : les élèves auront l’occasion de travailler sur des discours et des affiches politiques dont ils devront identifier « le point de vue particulier » et par rapport auquel ils devront « exercer leur esprit critique ». Abordant des débats politiques (l’Affaire Dreyfus, la Séparation), ils pourront développer la compétence « pratiquer différents langages en histoire » en s’initiant aux techniques d’argumentation. »

En effet, les élèves seront confrontés à des textes et des documents iconographiques de cette période, grâce notamment aux ressources puisées dans Gallica. À l’issue de l’enquête, chaque groupe doit rédiger un rapport argumenté, qui mettra en évidence si les élèves ont compris les enjeux de ce moment d’histoire.

Les règles sont simples et directement issues de Watson & Holmes :

  • chaque équipe démarre avec 10 points d’énergie espace-temps (EET) afin d’enchérir sur les lieux à visiter, car chaque lieu ne peut être visité que par une personne à la fois. À tour de rôle, une équipe joue en premier et place son pion, suivie des autres. En cas de conflit sur un lieu, il y a enchère : l’équipe qui la remporte perd ses EET qui retournent à la réserve, et elle place son pion sur la carte. Les autres récupèrent leurs points EET moins 1, et doivent choisir un autre lieu.
  • on peut dépenser 2 EET afin de placer un gendarme sur le lieu où on se trouve : celui-ci devient alors inaccessible. Pour l’ôter et le renvoyer au poste, une autre équipe doit également dépenser 2 EET. On peut dépenser 3 EET afin de détourner l’attention du gendarme : on peut alors visiter le lieu tout en laissant l’agent en faction pour gêner les groupes suivant.
  • certains lieux permettent de regagner des EET : cela est signalé par une pastille verte. La Tour Eiffel est un lieu où on peut se rendre sans renchérir, et même à plusieurs à la fois, pour faire le plein d’EET.
  • À chaque tour, lorsque le placement des pions est terminé, on dispose de 90 secondes pour examiner l’indice et prendre des notes.

À l’issue d’un premier test, réalisé avec un groupe de 17 élèves répartis en cinq équipes, le jeu a été très apprécié mais nous proposons collectivement :

  • de mieux gérer les points d’EET qui ont été finalement trop abondants. Pour cela :
    • on démarre avec 5 EET et non 10.
    • la présence d’un gendarme (même si on l’enlève)  empêche de récupérer des points sur un lieu qui en fournit lorsqu’il est libre d’accès.
  • d’améliorer l’enquête avec des indices qui suggèrent des liens entre les lieux pour construire des pistes et éviter de se promener au hasard.
  • de trouver des pions plus faciles à manipuler pour les EET (des cubes en bois ?).

L’ensemble des documents est disponible ici (en version légère basse définition, me contacter par mail pour la version haute définition) et l’ensemble est en CC BY SA NC. Les fiches lieux sont à plier en deux et plastifier.

Merci de partager vos remarques, critiques et améliorations !

Lire aussi l’entretien qui a été réalisé sur le site du Café Pédagogique à propos de ce projet.