Que nous apprennent ces documents sur l’origine de la tempête ? Pourquoi est-ce à la fois un phénomène brutal mais en même temps naturel ?

Xynthia_animated_smallUn météorologue explique pourquoi Xynthia a été beaucoup plus violente qu’une tempête hivernale ordinaire.

La tempête Xynthia, qui a traversé la France d’ouest en est au cours du week-end, est l’une des plus puissantes qu’ait connue le pays depuis 1999 avec des pointes de vent à 160 kilomètres/heure enregistrées dans l’île de Ré. Quatre départements (Vendée, Deux-Sèvres, Vienne et Charente-Maritime) ont été placés en vigilance rouge, le niveau le plus élevé du système d’alerte créé par Météo-France en 2001.

En Bretagne et sur la majeure partie du littoral atlantique, ces vents violents, conjugués à de très forts coefficients de marée, ont engendré une élévation du niveau de la mer de plus d’un mètre. «C’est ce phénomène, et non la pluie, qui a provoqué des inondations meurtrières en Charente-Maritime et en Vendée» où une digue s’est rompue, note Patrick Galois, ingénieur à Météo-France.

Pour ce spécialiste, Xynthia s’est formée «lorsque des vents froids d’altitude très puissants, les fameux jets streams, sont entrés en contact avec une masse d’air chaud située en basse couche» au milieu de l’Atlantique à environ 30° de latitude nord. La forte différence de température entre les deux masses d’air a généré le «creusement » d’un énorme tourbillon, ou dépression, qui s’est ensuite évacué vers le nord-est. Samedi, Xynthia frappait le Portugal puis l’Espagne avant de traverser la France en écharpe depuis les Pyrénées et la région Poitou-Charentes jusqu’en Champagne-Ardenne, en passant par le Centre et la Bourgogne.

«Ces tempêtes hivernales sont relativement courantes mais la plupart du temps, elles naissent beaucoup plus au nord au large de l’Islande et des îles Britanniques et n’atteignent pas une telle intensité, poursuit M. Galois . La violence de Xynthia provient du fait qu’elle s’est formée beaucoup plus au sud que d’habitude et qu’elle a mobilisé une très grande quantité d’air chaud.» Selon ce météorologue, le froid anticyclonique qui s’est abattu sur la France en janvier et février nous a protégés d’une grande partie de ces coups de vents.

Avec la tempête Klaus qui avait dévasté le Sud-Ouest en janvier 2009, Xynthia est le deuxième événement le plus violent survenu depuis les deux tempêtes exceptionnelles de décembre 1999, qui s’étaient abattues alternativement sur les deux moitiés du pays. «A priori, on ne peut faire aucun lien avec le changement climatique, conclut M. Galois. La tempête de ce week-end rentre dans la variabilité naturelle du climat.»

Lefigaro.fr, 1er mars 2010