Open Data et citoyenneté numérique

Ce billet est un résumé de la conférence tenue le 4 mai 2023 à Montréal lors du 11e sommet du numérique en éducation.

Cette présentation s’inscrit dans une réflexion de plusieurs années, initiée avec Mathieu Merlet, enseignant au lycée français de Casablanca, et qui a déjà donnée lieu à des travaux présentés au Festival International de Saint-Dié-des-Vosges. Ces démarches pensées et mises en œuvres à l’Institut International de Lancy ont pour ambition de donner une autre dimension à l’approche disciplinaire afin de construire du sens dans un contexte informationnel largement redéfini par la médiatisation numérique.

Après l’enthousiasme qu’a suscité la démocratisation de l’Internet dans les années 1990, une forme de «cyberpessimisme» lui a succédé, dénonçant certains travers et, aujourd’hui, l’omniprésence souvent jugée menaçante des données et des algorithmes qui les traitent. Pourtant, bien utilisées, ces données permettent à la presse de proposer des visualisations (dataviz) qui font sens. Ce sens est aussi accessible pour les élèves par des visualisations rendues disponibles, comme sur celle de MeteoSuisse, qui permet de mettre en évidence les changements climatiques et donc d’intervenir dans le débat public.

La disponibilité des données s’inscrit dans une perspective historique longue remontant aux révolutions des XVIIe et XVIIIe siècles qui permettent l’émergence d’un État moderne plus démocratique offrant une place à l’opinion publique : en Angleterre, avec le Bill of Rights, aux État-Unis avec la mise en place de la démocratie américaine et en France par la Révolution de 1789. L’article 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen qui est issue de cette dernière, proclame que « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. » En termes modernes, on entre dans une ère de gouvernance transparente, d’abord destinée à lutter contre la corruption. Une définition modernisée a récemment émergé avec notamment la création de lOpen knowledge Foundation en 2004 et la campagne du Guardian en 2006 promouvant l’idée que l’État, qui produit des données payées par l’impôt, doit rendre celles-ci accessibles aux citoyens, média et ONG. En 2008, la conférence de Sebastopol, en Californie, pose les huit principes qui définissent la donnée ouverte : complète, primaire, fraîche, accessible, lisible par les machines, non discriminatoire, ouverte dans son format et sa licence. Dans de nombreux pays on dispose ainsi de plate-formes officielles qui proposent des jeux de données et incitent les citoyens à se les approprier pour proposer des réutilisations monétisables ou non. Ces données concernent des domaines variés comme la santé, les transports, la culture, etc.

Aujourd’hui, trois grands axes supplémentaires témoignent de l’importance des données et de leur exploitation :

  • une mise à disposition accrue dans les pays en développement, car leur usage est perçu comme un levier du développement, notamment pour attirer des investisseurs ;
  • une gestion des espaces urbains par le traitement de la donnée, dans le cadre des villes intelligentes (smart cities). Les villes sont en effet devenues des ensembles complexes aux multiples capteurs (caméras, stations météo, smartphones,….), mais l’usage des données qui en sont issues n’est jamais neutre comme en témoignent les tensions entre différents modèles : contrôle social en Chine, capitalisation aux États-Unis, respect des données privées à Montréal ou en Europe de l’Ouest ;
  • la pertinence du Renseignement d’Origine Source Ouverts (ROSO ou OSINT en anglais) consistant à trouver, croiser et traiter des données librement accessibles. C’est souvent en période de guerre que cette démarche se révèle pertinente.

En contexte éducatif le traitement et la constitution des données par les élèves eux-mêmes permet de travailler une chaîne de valeur cognitive, exprimée par le modèle DIKW (Data – Information – Knowledge – Wisdom) :

  • Trouver les données, les créer, requiert de travailler des compétences de recherche, de lecture, de manipulation d’outils informatiques ;
  • Les mettre en forme corresponde, étymologiquement, à créer de l’in-formation, c’est-à-dire produire du sens avec déjà en perspective l’usage qui en sera fait. La donnée, rappelle Antoine Courmont, est toujours le produit d’un dispositif socio-technique et ne préexiste pas à sa conception ;
  • Utiliser cette information c’est produire de la connaissance ;
  • Et ainsi, au terme du cheminement, on renforce des compétences telles que la créativité, la résolution de problèmes, le travail collaboratif et la pensée critique.

Le domaine de la cartographie numérique se prête pertinemment au traitement de l’information, notamment via des outils de visualisation en ligne assez simples à prendre en main (Magrit, Khartis). Chercher à créer une carte, c’est d’abord s’interroger. Quelles données, quel producteur, quelle fiabilité ? C’est un questionnement fondamental pour des élèves peu ou mal confrontés aux sources, et dans un temps de surexposition médiatique volatile. On peut alors mettre en évidence le crédit à donner aux administrations, aux États et aux organisations internationales (ONU, Banque mondiale, FMI,…). 

Dans une autre activité, on peut rendre un groupe classe créateur par l’exploitation collaborative d’un article Wikipédia afin de produire un jeu de données complet et exploitable qui permettra de renforcer l’engament dans l’analyse d’une information qu’on a mise en forme. Cette démarche implique à la fois un travail collaboratif, mais aussi coopératif puisque de petits groupes doivent, a priori, définir les modalités du jeu de données (format, descripteurs,…).

Enfin, un travail avec le projet Missing Migrants, de l’Organisation Internationale des Migrations, qui vise à documenter les morts et disparus sur les routes migratoires depuis 2014, permet d’aller plus loin dans la réflexion sur la valeur citoyenne de la donnée et de son traitement. Le référentiel du Conseil de l’Europe sur La citoyenneté démocratique et engagée, met notamment en valeur la question des droits de l’homme, l’analyse et la réflexion critique, l’empathie, la coopération, l’esprit civique et la connaissance critique du monde. En faisant travailler les élèves sur différents espaces pour faire émerger une compréhension multiscalaire des enjeux migratoires, on aborde une question sensible, mais qui permet aussi de déconstruire des discours médiatiques anxiogènes. Cette (re)construction de l’information et de la connaissance est un remède contre la désinformation et une porte ouverte pour une réflexion et un engagement civique reposant sur des valeurs ainsi raffermies.

Ainsi, les pratiques pédagogiques engagées ont pour ambition de participer activement à la formation de l’esprit critique et engagé, particulièrement face au risque de désinformation. Le traitement des données ouvertes est une opportunité pour renforcer non seulement la littératie mais aussi à la fois l’esprit et les compétences de la citoyenneté numérique.

Scenario I – Haïti

Introduction

Scenario I du projet de travail sur les migrations

  • Thème : les migrations environnementales dans le bassin caraïbe.
  • Problématique : comment l’Ouragan Matthew de 2016 a-t-il été à l’origine de migrations internes forcées dans le bassin caribéen : l’exemple d’Haïti ?
  • Objectifs :
    • définir les enjeux des migrations internes dans un pays pauvre
    • découvrir des outils et des ressources pour la cartographie numérique
    • amorcer une analyse géographique à différentes échelles
    • réaliser un croquis de synthèse
  • Grilles de lecture : Géoenvironnementale, Géopolitique

Tâche complexe :

  • Objet de l’exercice : étudier l’impact du changement climatique et des risques naturels sur les migrations internes dans un État des Caraïbes : l’exemple de l’Ouragan Matthew à Haïti.
  • Consigne : membre d’une ONG, vous devez faire un rapport sur les migrations environnementales dans les Caraïbes à  partir de l’exemple d’Haïti. Votre analyse s’appuiera sur une réflexion reposant sur des cartes à différentes échelles réalisées avec l’application de cartographie Magrit, ainsi que sur un croquis de synthèse.
  • Méthode de travail : par binôme

1. Qu’est-ce qu’un migrant environnemental ?

Définissez la notion de migration environnementale à partir des ressources proposées par le site Geoconfluences et le Portail de la migration environnementale.

2. Visualiser des données statistiques dans une carte

Dans cette partie nous allons voir comment récupérer des données statistiques sous forme de feuille de calcul dans un tableur et les insérer dans un logiciel de cartographie en ligne.

2.1 Récupération des données générales

Commençons par les données. Rendez vous sur le site de l’IDMC. Présentez le : d’où viennent les données ? Estimez leur fiabilité en vous demandant si elles sont officielles et présentées avec clarté.

Téléchargez la base de données en cliquant sur le bouton bleu « Download full dataset » [Fichier au 17/01/2019]. C’est un fichier au format xlsx qui peut s’ouvrir avec un tableur comme Microsoft Excel ou LibreOfffice Calc. Nous allons nous intéresser à l’année 2016, quand l’ouragan Matthew a frappé Haïti :

  • utiliser la fonction Trier (Menu Données / Trier dans LibreOffice) en choisissant le champ « year »
  • supprimer les lignes pour ne conserver que 2016

Ensuite, il faut sauvegarder le fichier au format CSV.

L’opération en vidéo :

2.2 Visualiser les données : l’échelle mondiale

2.2.1 Insérer le fichier CSV dans Magrit

À partir de ces données, vous allez réaliser une carte des personnes déplacées en raison de catastrophes naturelles pour l’année 2016. Il faut utiliser pour cela l’application de cartographie en ligne Magrit.

À retenir : Magrit enregistre automatiquement le travail au fur et à mesure. Ne fermez pas l’onglet pour retrouver votre travail à la prochaine ouverture du navigateur (qu’il faut donc configurer pour qu’ils s’ouvrent avec les mêmes onglets qu’à la fermeture).

On commence par « Sélection d’un fond de carte d’exemple » dans la boite d’option en haut à gauche, et on choisit « Pays du monde (polygones) ». C’est notre « Fond de carte principale » et on confirme les options de la boite « Typage de des données ».

Puis on insère le fichier CSV avec « Ajout d’un jeu de données », toujours en haut à gauche (cf video ci-dessous).

Magrit propose ensuite de joindre les données. Il faut en effet faire correspondre les informations du fichier CSV aux différents polygones du fond de carte d’exemple. Il faut donc faire une jointure entre la liste des pays des deux couches. On répond donc « Oui » lorsque la question « Un fond de carte et un jeu de données ont été fournis. Les joindre maintenant ? » est posée. Dans les options de jointure on sélectionne la norme ISO3 dans les deux couches.

Puis on valide la jointure, même si elle est incomplète car il n’y a pas de données pour chaque pays.

Pour cette première carte, répondez Non à la question « Supprimer les entités du fond de carte n’ayant pas de correspondance dans le jeu de données externe ? ».

Dans le typage des données vérifier que le champ « Disaster New Displacements » est bien en stock.

L’opération en vidéo :

2.2.2 Faire les bons choix pour visualiser les données

Passez ensuite à la 2e boite dans la colonne de gauche appelée « Choix de la représentation » en vous aidant de cette page. Il faut en effet réfléchir sur la manière dont on donne à voir les données statistiques. Une fois votre choix effectué, passez à la 3e boite, appelée « Représentation ». Choisissez le champ « Disaster New Displacements » et vérifiez les options avant de cliquer sur « Dessiner le résultat ». Dans la boite « Gestion des couches » vous pouvez modifier les options d’affichages en cliquant sur l’icône engrenage.

Analyser
Observez le résultat : quelle répartition des personnes déplacées cette carte met-elle en évidence ?

3. Les migrations environnementales à Haïti, un État du bassin caribéen

Quelles données peut-on utiliser et cartographier pour rendre compte des multiples causes à l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui les migrations environnementales ? En quoi l’exemple d’Haïti permet-il de mettre en lumière le lien entre migration et environnement ?

3.1 À l’échelle d’un État : Haïti

Sur la page Country profiles du site IDMC, sélectionnez Haïti.

Recherchez le nombre de déplacés liés à des catastrophes naturelles entre 2008 et 2017, puis présentez dans un court paragraphe les principaux facteurs de ces déplacements internes. Quels sont les « événements les plus dévastateurs de ces dernières années » à l’origine des déplacements les plus massifs en Haïti ?

3.2 Réinvestir la méthode de construction de carte à l’échelle sous continentale

Le résultat à obtenir

Retournez ensuite sur la première page visitée du site IDMC. Cette fois, descendez un peu pour arriver aux données « Disaster-related new displacements by event in 2018 » [Fichier au 17/09/2019].

Ensuite, on procède comme précédemment : testez ainsi votre maîtrise de Magrit. Sinon reportez vous à la démarche suivante :

  • commencez un nouveau projet en cliquant, en haut à droite, sur l’icône « Création d’un nouveau projet »
  • téléchargez le fichier
  • sélectionnez les données : triez (menu Données / Trier dans LibreOffice) par la colonne E « Event name ». Supprimez les lignes pour ne conserver que celles relatives à l’Hurricane Matthew
  • enregistrez le fichier au format CSV
  • importez ce fichier CSV dans l’application Magrit en faisant une jointure avec la couche d’exemple de Magrit « Pays du monde (Polygones) » sur le champ clé « ISO3 ». Attention cette dernière couche géographique doit être reconnue comme « Fond de carte principale » afin de pouvoir effectuer correctement la jointure avec les données sur l’Hurricane Matthew.
  • faites apparaître les données « New displacements ».

Astuce : en cliquant sur le cadenas en bas à gauche vous pouvez déverrouiller la carte pour zoomer et recentrer. Dans cet exemple, faites apparaître le bassin caribéen. Pensez , dans les options de la couche CSV, à gérer l’opacité afin de faire apparaître les frontières des États qui pourraient être cachées par les cercles opaques.

3.3 Compléter l’information

3.3.1 Les tempêtes

Allez sur le site du National centers for environmental information (NOAA) [Accès direct au fichier]. Dans le paragraphe Acces choisissez la ligne CSV et le lien « Strom by year ». Dans la nouvelle page qui s’ouvre, choisissez l’année 2016 et enregistrer le fichier CSV (clic droit > Enregistrer sous ou Enregistrer la cible du lien sous…).

Dans votre tableur, sélectionnez les données de l’ouragan intitulé « MATTHEW ». Supprimez les lignes 1 et 3 pour que la première ligne comporte les colonne Latitude et Longitude : ainsi Magrit saura qu’il faut placer des repères selon ces coordonnées.

Enregistrez votre sélection en CSV et insérez votre fichier dans l’application Magrit.

3.3.2 L’IDH

Téléchargez le fichier CSV IDH_2017  afin d’intégrer cette donnée dans la carte. Pour ce faire, il est obligatoire de réaliser une nouvelle jointure avec le fond de carte vectoriel des pays du monde :

  • Importez de nouveau le fonde carte d’exemple « Pays du monde (Polygones) », en veillant bien à ce qu’il soit défini comme fond de carte principale
  • Ajoutez le fichier CSV en réalisant la jointure par le champ ISO 3
  • réfléchissez bien au type de représentation qui est cette fois différent des précédents !

Le résultat à atteindre

Analyser

Quelles informations supplémentaires la carte de l’IDH apporte-t-elle pour comprendre l’impact de l’ouragan Matthew dans le bassin caraïbe et notamment à Haïti ?

4. L’ouragan Matthew et les migrations internes à Haïti

Revenons à Haïti pour terminer sur l’échelle locale. Cette dernière étape va aussi nous permettre de voir comment travailler avec un fond de carte importé.

4.1 Importer un fond de carte

Magrit permet de travailler avec d’autres fonds de carte que ceux proposés dans la liste d’exemple. Très souvent, un fond de carte comprend un ensemble de fichiers vectoriels qui permettent notamment d’afficher des polygones qui sont des limites administratives. Nous allons utiliser le format shapefile. Ce dernier comprend un fichier avec l’extension .shp et des fichiers complémentaires.

Pour la suite de l’exercice, le fichier à télécharger est un shapefile des limites administratives d’Haïti avec, sous forme de ratio, la mention de la vitesse du vent au moment du passage du cyclone Matthew.

Téléchargez ce fichier zip et décompressez le dans un répertoire. Puis, dans un nouveau projet de Magrit, choisissez cette fois « Ajout d’un fond de carte ». Sélectionnez les 4 fichiers avant de confirmer l’importation. Choisissez ensuite un représentation en ratios en sélectionnant le champ « Windspeed ».

Analyser

Que peut-on dire de l’impact de l’ouragan sur le territoire d’Haïti ?

4.2 Combiner ratio et stock

Vent et déplacement de population

Pour comprendre l’impact de ces vents, nous allons ajouter une nouvelle couche qui sera bien sûr représentée sous forme de stock pour se combiner aux ratios représentant la vitesse du vent. Une organisation a estimé le nombre de déplacés en utilisant les données des téléphones portables. En comparant les connexions avant et après l’ouragan, on peut en effet déterminer la population supplémentaire qui a rejoint certaines régions et donc les flux de population vers ces espaces. Ajoutez ce jeu de données qui représente les endroits où des personnes sont arrivées en nombre important.

Pour cela :

  • Téléchargez et décompressez l’archive (située sur le lien précédent)
  • N’ajoutez dans Magrit qu’un seul fichier : admin3_abs_inflow.csv
  • Réalisez la jointure avec le champ admin3pcod
  • Sélectionnez une représentation stock avec la variable absolute_inflow

Pour aller plus loin

Population increase (percent) per Commune due to inflow from affectedDepartments. Out of those who lived pre-hurricane in the Departments of Sud, Grande Anseand Nippes and who left their homes after the hurricane, the number of arriving phones perCommune is first determined. This number is subsequently divided by the total pre-hurricanepopulation of the Commune.ThemovementsofmobilesubscribersindicatethatsomeCommuneshavereceivedlargenumbersofarrivalsrelativetotheirnormalpopulation.TheCommunesof​Arnaud,​Port-Salutand Chantal experienced the most people arriving relative to their normal populations.

Source

4.3 Finaliser

Pour finaliser on ajoute cette couche géographique des ports afin de localiser les zones d’arrivée. Il s’agit d’un fichiers shapefile qu’il faut décompresser et insérer comme fond de carte avec l’option « Fond de carte d’habillage ». Une fois ajouté on ne voit rien. Il faut aller dans « Gestion des couches » et cliquer sur la petite icône en forme d’engrenage de la couche hit_prtp_wfp et choisir ensuite « Génération de labels pour cette couche ». Le champ à sélectionner est « ONME ». Modifier ensuite la taille et la couleur du point. De la même manière allez dans les options de la nouvelle couche « Labels » pour modifier la police d’écriture des localités portuaires.

On affine la carte :

  • en positionnant les légendes au bon endroit (on les tire avec la souris)
  • en faisant de même pour les noms de villes afin qu’il soient bien lisibles
  • en ajoutant un titre dans la boite « Habillage et mise en page »

Astuce : vous pouvez sauvegarder le travail fini en cliquant sur l’icône disquette en haut à droite. Cela génère un fichier GeoJSON que vous pourrez conserver pour l’importer plus tard sans avoir à tout refaire.

4.4 Émettre des hypothèses

Ajouter des objets flèche pour émettre des hypothèses spatiales

Observez la carte obtenue :

  1. Le territoire a-t-il été touché de manière homogène ?
  2. Où les flux migratoires de réfugiés se concentrent-ils ?
  3. Peut-on émettre une hypothèse sur les flux (origine et destination) : vous pouvez afficher ces hypothèses avec l’icône flèche située en bas de la boite « Habillage et mise en  page ».

5. Synthèse : croquis et rapport

À partir des cartes réalisées avec Magrit et des informations prélevées dans les documents [Rappel des éléments à traiter], construisez un croquis de synthèse pour mettre en valeur les principaux impacts des conséquences d’une catastrophe naturelle dans un PMA , soit au crayon, soit avec un logiciel de dessin vectoriel comme Inkscape.

Pour rédiger votre rapport, élargissez l’analyse en utilisant les documents ci-dessous. Dans quelle mesure le passage de l’ouragan Matthew dans le bassin caraïbe a-t-il aggravé l’insécurité alimentaire et plus généralement la situation humanitaire à Haïti ?

Document 1 – L’état de la sécurité alimentaire avant le passage du cyclone Mathieu

La sécurité alimentaire demeure l’un des enjeux les plus importants pour le pays. L’insécurité alimentaire chronique 25 touche toutes les zones de moyens d’existence 26 , et environ 70 % de la population du pays. Plus de trois millions de personnes (environ 43 % de la population des zones analysées) sont en insécurité alimentaire chronique modérée ou sévère (niveau 3 ou 4). Selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), 9 sur 10 départements géographiques se trouvaient en situation de stress et sont classés en phase de « stress » (en jaune) pour la période de août à septembre 2016 (figure 1). Sont classifiés en insécurité alimentaire chronique sévère (niveau 4) les départements du Sud-Est, du Nord-Est, du Nord-Ouest, du Centre, du Nord (en partie) et de l’Artibonite (en partie). Pour les zones affectées, les départements de la Grand’Anse,
du Sud, des Nippes, du Nord-Ouest ont été classés en insécurité alimentaire chronique modérée de niveau 3. La zone du bas Nord-Ouest et une partie de l’Artibonite ont été classées en insécurité alimentaire chronique sévère de niveau 4. La malnutrition chronique (ou retard de croissance) touche environ 22 % des enfants de moins de 5 ans 27 et donc plus d’un enfant sur cinq, plaçant le pays dans une situation à surveiller.

Rapport du gouvernement haïtien sur les besoins post catastrophe

Document 2 – La situation humanitaire en décembre 2017

La situation humanitaire a été aggravée par l’ouragan Matthew qui a violemment frappé Haïti le 4 octobre en provoquant des dégâts importants, des inondations et des flux de déplacés. Près de 2,1 millions de personnes ont été touchées dans tout le pays (et principalement dans le sud-ouest). On estime que 1,4 million de personnes ont besoin d’assistance humanitaire. L’épidémie de choléra reste vive avec 39 329 cas enregistrés entre janvier et le 30 novembre 2016. La sécurité alimentaire, qui s’était significativement améliorée durant la deuxième moitié de l’année 2016 grâce aux pluies, s’est aggravée avec Matthew : 1,5 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, dont 806 000 en situation critique.

www.reliefweb.int – Sources: OIM, DELR, MSPP, UNICEF, PAM, CNSA, DPC

Document 3 – comparaison de paysages (cliquez sur l’image)

Sources :

Humanitarian Needs Overview

The Humanitarian Data Exchange

[Retour à la présentation du projet]

[Scenario II – Méditerranée]

[Croquis d’élèves]

Migrations – Présentation du projet

Depuis plusieurs années la question migratoire a focalisé l’attention médiatique sur un certain nombre d’espaces qui connaissent selon le UNHCR des situations d’urgence. Elles mobilisent des acteurs variés à des échelles géographiques différentes (locale, régionale et mondiale) où s’articulent des enjeux économiques, politiques et environnementaux. Elles véhiculent aussi des discours et des débats alarmistes qui rendent difficile une étude de ce que certains médias appellent désormais la « crise des migrants ». Pour les élèves, la compréhension de la question migratoire et de ses multiples enjeux n’en est que plus confuse.
Ce projet a pour objectif d’analyser des situations concrètes, dans les bassins caribéen et méditerranéen ou en Asie du Sud, par un travail de traitement des données avec les outils de la cartographie numérique. À partir des cartes qu’il a réalisées, l’élève construit un croquis de synthèse qui lui permet de s’approprier les interactions qui se tissent entre acteurs et territoires. Devenant créateur d’information, il fait ainsi émerger un regard critique sur les discours anxiogènes liés aux migrants.
Cédric Ridel (Hô Chi Minh Ville) & Mathieu Merlet (Casablanca)

 Niveau et thème du programme   

Programmes 2013
Terminale ES/L : Thème I – Des cartes pour comprendre le monde
Terminale ES/L : Thème III-1 – L’Amérique : puissance du nord, affirmation du sud
Terminale ES/L : Thème III-2 – L’Afrique, les défis du développement
 
Rentrée 2019
Seconde : Thème I -Sociétés et environnements : des équilibres fragiles
  • Des sociétés face aux risques
Seconde : Thème III – Des mobilités généralisées
  • Les migrations internationales : la mer Méditerranée : un bassin migratoire.

Autres niveaux et thèmes de programme possibles

Classe de 4e : Thème II : les mobilités humaines transnationales

Problématique à traiter

Comment la réalisation de cartes et d’un croquis de synthèse à l’aide du numérique permet-elle de comprendre la complexité des migrations à différentes échelles et la construction d’un regard critique sur le traitement médiatique de la « crise migratoire » ?

Notions et vocabulaire

– Acteur, territoire
– Changement climatique, risques
– Développement
– Migration

Objectifs méthodologiques

  • Comprendre un concept de géographie à différentes échelles pour appréhender les phénomènes migratoires
  • S’approprier les principales fonctionnalités d’un logiciel de cartographie
  • Comprendre les enjeux des territoires et les relations entre acteurs
  • Développer un regard critique sur des documents médiatisés
  • Savoir travailler de manière collaborative
  • Réaliser un croquis à l’issue d’un travail de réflexion

Ressources et outils numériques utilisés

Ressources : sites web institutionnels, sites web d’ONG, marinetraffic.com, sites web de média
Outils numérique : Magrit, Khartis

Capacités et méthodes

Maîtriser et utiliser des repères chronologiques et spatiaux
  • Connaître et se repérer
    • Nommer et localiser les grands repères géographiques ainsi que les principaux processus et phénomènes étudiés.
    • Utiliser l’échelle appropriée pour étudier un phénomène
  • Contextualiser
    • Mettre en œuvre l’analyse à différentes échelles (multiscalaire)
S’approprier les exigences, les notions et les outils de la démarche géographique
  • Employer les notions et exploiter les outils spécifiques aux disciplines
    • Réaliser des productions graphiques et cartographiques dans le cadre d’une analyse.
      Savoir lire, comprendre et apprécier une carte, un croquis, un document iconographique, une série statistique…
  • Conduire une démarche géographique et la justifier
    • Justifier des choix, une interprétation, une production.
  • Construire une argumentation historique ou géographique
    • Procéder à l’analyse critique d’un document selon une approche
      historique ou géographique.
    • Utiliser une approche historique ou géographique pour mener une
      analyse ou construire une argumentation.
  • Utiliser le numérique
    • Utiliser le numérique pour réaliser des cartes, des graphiques, des présentations.
    • Identifier et évaluer les ressources pertinentes en histoire-
      géographie.
 

Organisation de l’ensemble de la séquence

La séquence est structurée par deux scenarii aux thèmes et échelles variables :

Scenario I Les sociétés face aux risques : Haïti et le bassin caribéen
  • Les élèves découvrent le projet et le concept polysémique de migrant, et travaillent plus spécifiquement sur les migrations climatiques internes. Ils s’initient à la cartographie numérique avec Magrit et des ressources en ligne
  • Le scenario porte sur les migrations internes à Haïti consécutives au passage du cyclone tropical Matthew en 2016
Scenario II – la mer Méditerranée : un bassin migratoire
  • Les élèves approfondissent leur maîtrise des outils de cartographie numérique avec Khartis. Ils mettent en lumière par leurs travaux les interactions entre les acteurs et leurs territoires et déconstruisent les discours médiatiques anxiogènes sur les migrants

  • Le scenario porte sur le bassin méditerranéen