Open Data et citoyenneté numérique

Ce billet est un résumé de la conférence tenue le 4 mai 2023 à Montréal lors du 11e sommet du numérique en éducation.

Cette présentation s’inscrit dans une réflexion de plusieurs années, initiée avec Mathieu Merlet, enseignant au lycée français de Casablanca, et qui a déjà donnée lieu à des travaux présentés au Festival International de Saint-Dié-des-Vosges. Ces démarches pensées et mises en œuvres à l’Institut International de Lancy ont pour ambition de donner une autre dimension à l’approche disciplinaire afin de construire du sens dans un contexte informationnel largement redéfini par la médiatisation numérique.

Après l’enthousiasme qu’a suscité la démocratisation de l’Internet dans les années 1990, une forme de «cyberpessimisme» lui a succédé, dénonçant certains travers et, aujourd’hui, l’omniprésence souvent jugée menaçante des données et des algorithmes qui les traitent. Pourtant, bien utilisées, ces données permettent à la presse de proposer des visualisations (dataviz) qui font sens. Ce sens est aussi accessible pour les élèves par des visualisations rendues disponibles, comme sur celle de MeteoSuisse, qui permet de mettre en évidence les changements climatiques et donc d’intervenir dans le débat public.

La disponibilité des données s’inscrit dans une perspective historique longue remontant aux révolutions des XVIIe et XVIIIe siècles qui permettent l’émergence d’un État moderne plus démocratique offrant une place à l’opinion publique : en Angleterre, avec le Bill of Rights, aux État-Unis avec la mise en place de la démocratie américaine et en France par la Révolution de 1789. L’article 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen qui est issue de cette dernière, proclame que « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. » En termes modernes, on entre dans une ère de gouvernance transparente, d’abord destinée à lutter contre la corruption. Une définition modernisée a récemment émergé avec notamment la création de lOpen knowledge Foundation en 2004 et la campagne du Guardian en 2006 promouvant l’idée que l’État, qui produit des données payées par l’impôt, doit rendre celles-ci accessibles aux citoyens, média et ONG. En 2008, la conférence de Sebastopol, en Californie, pose les huit principes qui définissent la donnée ouverte : complète, primaire, fraîche, accessible, lisible par les machines, non discriminatoire, ouverte dans son format et sa licence. Dans de nombreux pays on dispose ainsi de plate-formes officielles qui proposent des jeux de données et incitent les citoyens à se les approprier pour proposer des réutilisations monétisables ou non. Ces données concernent des domaines variés comme la santé, les transports, la culture, etc.

Aujourd’hui, trois grands axes supplémentaires témoignent de l’importance des données et de leur exploitation :

  • une mise à disposition accrue dans les pays en développement, car leur usage est perçu comme un levier du développement, notamment pour attirer des investisseurs ;
  • une gestion des espaces urbains par le traitement de la donnée, dans le cadre des villes intelligentes (smart cities). Les villes sont en effet devenues des ensembles complexes aux multiples capteurs (caméras, stations météo, smartphones,….), mais l’usage des données qui en sont issues n’est jamais neutre comme en témoignent les tensions entre différents modèles : contrôle social en Chine, capitalisation aux États-Unis, respect des données privées à Montréal ou en Europe de l’Ouest ;
  • la pertinence du Renseignement d’Origine Source Ouverts (ROSO ou OSINT en anglais) consistant à trouver, croiser et traiter des données librement accessibles. C’est souvent en période de guerre que cette démarche se révèle pertinente.

En contexte éducatif le traitement et la constitution des données par les élèves eux-mêmes permet de travailler une chaîne de valeur cognitive, exprimée par le modèle DIKW (Data – Information – Knowledge – Wisdom) :

  • Trouver les données, les créer, requiert de travailler des compétences de recherche, de lecture, de manipulation d’outils informatiques ;
  • Les mettre en forme corresponde, étymologiquement, à créer de l’in-formation, c’est-à-dire produire du sens avec déjà en perspective l’usage qui en sera fait. La donnée, rappelle Antoine Courmont, est toujours le produit d’un dispositif socio-technique et ne préexiste pas à sa conception ;
  • Utiliser cette information c’est produire de la connaissance ;
  • Et ainsi, au terme du cheminement, on renforce des compétences telles que la créativité, la résolution de problèmes, le travail collaboratif et la pensée critique.

Le domaine de la cartographie numérique se prête pertinemment au traitement de l’information, notamment via des outils de visualisation en ligne assez simples à prendre en main (Magrit, Khartis). Chercher à créer une carte, c’est d’abord s’interroger. Quelles données, quel producteur, quelle fiabilité ? C’est un questionnement fondamental pour des élèves peu ou mal confrontés aux sources, et dans un temps de surexposition médiatique volatile. On peut alors mettre en évidence le crédit à donner aux administrations, aux États et aux organisations internationales (ONU, Banque mondiale, FMI,…). 

Dans une autre activité, on peut rendre un groupe classe créateur par l’exploitation collaborative d’un article Wikipédia afin de produire un jeu de données complet et exploitable qui permettra de renforcer l’engament dans l’analyse d’une information qu’on a mise en forme. Cette démarche implique à la fois un travail collaboratif, mais aussi coopératif puisque de petits groupes doivent, a priori, définir les modalités du jeu de données (format, descripteurs,…).

Enfin, un travail avec le projet Missing Migrants, de l’Organisation Internationale des Migrations, qui vise à documenter les morts et disparus sur les routes migratoires depuis 2014, permet d’aller plus loin dans la réflexion sur la valeur citoyenne de la donnée et de son traitement. Le référentiel du Conseil de l’Europe sur La citoyenneté démocratique et engagée, met notamment en valeur la question des droits de l’homme, l’analyse et la réflexion critique, l’empathie, la coopération, l’esprit civique et la connaissance critique du monde. En faisant travailler les élèves sur différents espaces pour faire émerger une compréhension multiscalaire des enjeux migratoires, on aborde une question sensible, mais qui permet aussi de déconstruire des discours médiatiques anxiogènes. Cette (re)construction de l’information et de la connaissance est un remède contre la désinformation et une porte ouverte pour une réflexion et un engagement civique reposant sur des valeurs ainsi raffermies.

Ainsi, les pratiques pédagogiques engagées ont pour ambition de participer activement à la formation de l’esprit critique et engagé, particulièrement face au risque de désinformation. Le traitement des données ouvertes est une opportunité pour renforcer non seulement la littératie mais aussi à la fois l’esprit et les compétences de la citoyenneté numérique.

Utiliser le plugin TimeManager dans le suivi de bateaux avec QGIS

En complément du billet permettant d’ajouter des étiquettes, on peut aussi animer la carte en faisant dérouler la chronologie. Pour cela il faut utiliser une extension appelée TimeManager.

1. Préparer le fichier

Pour que l’extension fonctionne, il faut que le formatage de la date soit correct. Dans notre exemple précédent, la colonne « Date » présentait des données sous la forme « 28-déc. ». Il faut réécrire cette colonne avec un format compatible, comme 2017-12-29.

 

2. Préparer TimeManager

Dans le menu Extensions, choisissez « Installer/Gérer les extensions » : cherchez puis installez TimeManager. À l’issu de l’installation, un lecteur temporel apparaît sous la carte. Cette extension fonctionne avec des fichiers au format Shapefile. Faites un clic droit sur la couche CSV du bateau et choisissez « Enregistrer sous ». Dans la boite de dialogue qui s’ouvre, sélectionnez le format ESRI Shapefile dans le menu déroulant du haut et donnez un nom à cette couche (celui du bateau). Une nouvelle couche apparaît et fait bien sûr doublon avec la première puisque l’information et redondante. Vous pouvez supprimer cette première couche par un clic droit ou désactiver sa visualisation en la décochant.

 

3. Utiliser l’extension

Dans l’interface TimeManager située en bas, cliquez sur Paramètres. Dans la boite de dialogue qui s’ouvre, cliquez à droite sur « Add layer » pour ajouter la couche Shp. Dans « Montrer une carte chaque », sélectionnez une unité de temps qui donnera l’intervalle d’affichage. Vous pouvez faire plusieurs essais avant d’obtenir ce qui correspond le plus à vos attentes.

Cliquez sur « OK » pour revenir à l’interface de TimeManager. Activez là avec le petit bouton en haut à gauche et lancez l’animation.

Il est possible d’utiliser le bouton « Exporter la vidéo » pour fabriquer une vidéo ou un GIF animé :

 

Ajouter des marqueurs temporels dans le suivi de bateaux avec QGIS

Lors d’une formation d’initiation aux SIG, la question a été posée de savoir si on pouvait ajouter une dimension temporelle au suivi de bateau provenant du fichier CSV complété avec les données du site marinetraffic.com. Cela est possible avec l’ajout d’une étiquette, qui permettra d’associer une date à chaque relevé. Il faut pour cela avoir bien complété une colonne Date dans le fichier CSV :

Ensuite, double cliquez sur la couche du bateau concerné pour accéder à la fenêtre « Propriétés de la couche » et allez dans l’onglet ‘Étiquettes ». En haut, dans le menu déroulant, sélectionnez le menu « Montrer les étiquettes pour cette couche ». Puis, juste en dessous, sélectionnez la colonne contenant les informations.

Par défaut, les étiquettes apparaissent en noir. Pour améliorer la visibilité, on peut utiliser les menus situés en dessous : Texte, Formatage, Tampon, etc. On peut ainsi changer la taille, la couleur, ou encore ajouter un fond avec un effet de transparence.

 

De ma ville à l’espace monde : utiliser Google Earth et QGIS [Syllabus]

Ce parcours de formation vise à faire connaître la démarche pour réaliser un projet similaire à Saigon-Casa.

Objectifs : comprendre la logique et de prendre en main les outils SIG Google Earth et QGIS pour ensuite les faire manipuler par les élèves.

Compétences visées :

  • Comprendre les enjeux des SIG
  • Maîtriser les fonctionnalités de base
  • Gérer des ressources
  • Créer des ressources
  • préparer une séquence pédagogique intégrant des SIG

Méthodologie :

  • dans une première partie, le diaporama présente les SIG et la question des formats
  • dans une deuxième partie, il présente les étapes et les techniques à assimiler pour travailler avec les élèves
  • chaque phase est subdivisée en étapes donnant lieu à
    • des exercices décomposées en « grains »
    • des documents pour comparer avec un travail déjà réalisé
    • des manipulations à réaliser pour s’approprier la démarche

Diaporama de présentation

Documents

Avant de commencer, vous pouvez télécharger :

Outils utilisés

PHASE I – Utiliser Google Earth pour produire des fichiers KML

I.1 Placer des points

I.2 Tracer un contour à partir d’une carte ancienne

I.3 Placer des points, lignes et polygones

PHASE II – Relever des positions dans un fichier CSV

II.1 Identifier des positions (latitude/longitude)

II.2 Générer un fichier CSV

PHASE III – Agréger et traiter les informations dans QGIS

III.1 Découvrir QGIS

III.2 Insérer les fichiers créés dans les phases précédentes

I.1 Placer des points

Exercice

[1] Placer des repères

Choisissez une ville commune sur laquelle tout le monde travaillera.

Ouvrez Google Earth. Dans la colonne de droite, placez vous sur le dossier général ‘Mes lieux préférés’. Puis, réalisez un clic droit et choisissez ‘Ajouter’ / ‘Dossier’. Nommez ce nouveau dossier ‘MonEspace’. De la même manière, une fois dans ce dossier, créez trois sous-dossiers : ‘Domicile’, ‘Personnel’ et ‘Ville’.

Utilisez l’outil ‘Ajouter un repère’ (l’épingle jaune en haut) pour placer dans chaque dossier respectif et de manière hypothétique : votre domicile (rouge), trois lieux importants pour vous (vert), trois lieux importants de la ville (jaune). Pour cela, avant chaque épinglage, placez vous sur le dossier correspondant. Il est toujours possible de glisser/déposer les lieux d’un dossier à l’autre. On peut changer la forme et la couleur de l’épingle en faisant un clic droit et en choisissant ‘Propriétés’. Il est conseillé, pour la lisibilité, de ne pas donner de nom à ces repères.

[2] Exporter en KML

Chaque dossier est ensuite transformé en fichier KML. Pour cela, placez vous sur le dossier, réalisez un clic droit et choisissez ‘Enregistrer le lieu sous’. Dans la boite de dialogue vérifiez que l’extension est bien KML et non KMZ qui est souvent sélectionné par défaut (c’est important pour la suite lors de l’agrégation dans QGIS).

[3] Agrégation des données

Un exemple de rendu

Il convient ensuite d’agréger les données du groupe. Ce travail est réalisée par une seule personne qui doit récupérer tous les fichiers (envoyés par mail ou mis à disposition sur un espace de stockage en ligne). Il faut ensuite ouvrir tous les fichiers et, par glisser.déposer, il faut ranger les lieux dans trois dossiers thématiques (toujours ‘Domicile’, ‘Personnel’ et ‘Ville’).

Chaque dossier, qui comprend donc les données de l’ensemble des participants, est ensuite exporté en KML.

 

Manipulation

La copie d’écran ci-dessus a été réalisée avec les fichiers suivants : DOMICILE.kml, LIEUXPERSO.kml et LIEUXIMPORTANTS.kml. Importez les dans Google Earth et observez le rendu. À ce stade, on peut déj) voir se dessiner des dynamiques spatiales intéressantes à analyser avec les élèves.

NB les données des domiciles ont été légèrement décalées par souci de respect de la vie privée.

[Retour au sommaire]