#FIG2015 OpenStreetMap, cartographie citoyenne et mondiale

OpenStreetMap, cartographie citoyenne et mondiale. La carte libre et participative

Un projet collaboratif

IMG_0180.OSMLe projet OSM est né en 2004 et commence à décoller à partir de 2007. On recense aujourd’hui 2,3 millions de comptes, 500.000 contributeurs [Voir les modifications réalisées en direct] et plus de 3,3 milliards d’objets. C’est donc un projet collaboratif auquel on peut participer ou tout simplement utiliser. En France, 200 contributeurs agissent chaque jour. L’association a pour but de promouvoir le projet, de le faire connaître et d’assurer les contacts avec les entreprises et les autres associations. C’est un projet mondial avec des noms dans toutes les langues (ex carte de France en russe, en japonais) et on procède ainsi à la construction d’un bien commun. C’est également un processus itératif car l’amélioration est quotidienne et l’enrichissement progressif : on a donc une donc une amélioration qualitative et quantitative permanente (comme dans Wikipedia).

Dans la base on trouve de tout : route, rail, transports en commun, vélo, rando, hébergement, restauration,… Aucun objet n’a de priorité : les contributeurs viennent souvent avec un centre d’intérêt mais ne sont pas des cartographes : la carte sert à développer quelque chose, à militer (par exemple pour l’accessibilité publique). On a donc une vraie diversité des données et des usages variés : fonds de carte, calculs d’itinéraires, recherche d’adresses, analyses spatiales…

Le rendu cartographique peut prendre plusieurs formes : carte routière « classique », cartographie d’un quartier, carte des transports en commun, carte pour cyclistes et tout ceci pour un même quartier par exemple. On peut également appliquer des styles : aquarelle, pirate, …

OSM sert aussi de base à des cartes interactives, comme celle de l’accessibilité des passages piétons : on peut cliquer pour avoir plus d’informations et même des photographies. Des administrations comme la police te la gendarmerie l’utilisent.

Des données Opendata

Enfin de l'Ubuntu au FIG !
Enfin de l’Ubuntu au FIG !

OSM a d’abord répondu à l’absence d’opendata publique. Mais depuis quelques années, la politique de l’opendata permet d’améliorer OSM. Ainsi  les locations de vélo de type Vlib sont en opendata mais avec des fichiers et standards différents selon les villes : dans OSM il y a un effort d’harmonisation. Les développeurs qui utilisent OSm pour créer leurs propres applications ont donc un travail facilité. On peut résumer le processus de cette manière : Opendata + crowdsourcing = crowdfixing ! Voir aussi les exemples des villes de Rennes et Nantes qui ont d’abord produit des données parfois erronées. OSM a fait remonter les erreurs qui ont alors été corrigées.

Les données sont publiées sous la Licence libre OdbL (Open Database licence) avec attribution et partage à l’identique. Les données sont libres, comme les outils ce qui garantit l’indépendance technique. Toutefois les usages commerciaux sont autorisés : ainsi Michelin a utilisé les données en jouant le jeu, c’est-à-dire en les améliorant, avant de commercialiser des plans de ville.

La force d’OSM est sa réactivité, le souci du détail et l’accès aux données brutes. Il faut toutefois ne pas oublier certaines faiblesses : une couverture non homogène, la dépendance vis à vis de la densité des contributeurs. Les contributeurs sont en effet plus importants que les données ! Il faut donc entretenir la communauté.

Cartographie de crise

OSM a montré son intérêt lors des crises :

  • Tremblement terre à Haiti pour créer une cartographie post crise car il n’y avait rien avant
  • Typhon Haiyan : possibilité d’anticiper
  • Afrique avec Ebola : MSF a contacté OSM car devait intervenir sur des villes où il n’y avait pas de carte et un gros travail a été réalisé en quelques jours
  • Tremblement terre au Népal : 5000 contributeurs mobilisés
  • Projet missing map pour créer de la donnée cartographique là où il n’y en a pas : Lesotho, Sud Soudan, …

Utiliser les données

OSM ne fournit pas de service, juste des données : c’est un potentiel, il faut ensuite des idées pour les utiliser. Citons par exemple uMap, graphhoper.com pour les randonnées avec données altimétriques ou encore overpass-turbo.eu pour construire des cartes personnalisées.

Questions

Quel est le modèle économique ?

Le: données sont à coût zéro. L’administration est gérée par des bénévoles et il n’y a aucun salarié. Le budget annuel s’élève à 100 à 200.000 € provenant de dons (appel à dons tous les deux ans), de conférences avec sponsors. À titre de comparaison, Wikipedia c’est 40 millions de dollars. Il n’y a ainsi pas de course aux services.

Quels sont les autres projets qui utilisent OSM ?

Voir le wiki pour toutes les entreprises qui utilisent OSM.

#FIG2015 L’information géographique numérique : au-delà des cartes, de nouvelles spatialités ?

L’information géographique numérique : au-delà des cartes, de nouvelles spatialités ?
Conférence de Thierry Joliveau (enseignant-chercheur en géographie à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne)

Ce compte-rendu est proposé par Mathieu Merlet, du Lycée français Lyautey de Casablanca

Point de départ évoqué : quels sont les usages numériques actuels ?
Réponse du conférencier : il y a 10 ans, la réponse aurait été technique ; aujourd’hui, c’est bien différent et cela nécessite une réflexion plus globale. En effet, depuis 2005, les choses ont bougé avec le développement rapide des applications grand public, des téléphones « intelligents » qui peuvent se connecter à internet (3G/4G), la bulle des réseaux sociaux.
Donc, une information géographique au cœur d’un nombre très important d’usages.

1. Une explosion d’usages personnels

Thierry Joliveau commence par une définition rapide du métier de géomaticien (une personne qui exploite un système d’information géographique…), puis il dresse un panorama des usages de l’information géo-numérique :

  • La cartographie

C’est l’usage le plus courant, mais une interface superficielle.
Ex : Google Maps (on n’a jamais consulté autant les cartes…) qui est un fournisseur privé. Derrière, il y a beaucoup de choses. C’est le premier « Mashup » (site web ou application dont le contenu provient de la combinaison de plusieurs sources d’information) par accident. Voir aussi My Maps qui permet de partager des informations.
Ex : Géoportail en France qui est une réponse institutionnelle à Google Maps et qui représente un effort de l’Etat.
Ex : OpenStreetMap qui est « libre de droit », qui n’est pas une carte étatique mais sociale avec par exemple la mobilisation des utilisateurs pour établir la carte d’Haïti en 3/4 jours.

  • Partager de l’information sur les lieux

Le conférencier passe en revue les différentes application qui permettent de géolocaliser, partager des informations :
Waze : une application, indépendante puis rachetée par Google,  qui partage avec les gens en direct des informations sur des accidents, des problèmes de circulation, etc.
Dismoioù ou Yelp aux Etats-Unis :  pour chercher des restaurants ou s’en faire recommander.
Foursquare : un média social qui permet à l’utilisateur d’indiquer où il se trouve…un peu en retrait.
Le célèbre TripAdvisor pour comparer les prix
Olympse  : quand on est en retard, on prévient les personnes de la distance qu’il reste à parcourir et du lieu où l’on se trouve. Une application aussi utilisée par les parents pour surveiller le trajet de leurs enfants.
Twitter : les tweets sont géolocalisés. Il existe ainsi une carte mondiale réalisée par un chercheur. Attention : si l’on prend le cas des tweets du vendredi à Saint Dié, on s’aperçoit que les géotags laissés ne proviennent pas de ceux qui utilisent le plus régulièrement Twitter.
Le conférencier revient aussi sur le cas de la fameuse carte « Je suis Charlie ». Voir à ce sujet l’article de Thierry Joliveau.

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