La IIIe République [4e H3.2]

Ce billet correspond à la partie du cours traitée en français pour la classe de Section Internationale.

I. L’affirmation d’un régime républicain dans les années 1880

Vous êtes un journaliste étranger envoyé en France pour comprendre quel régime et quelle société cette toute jeune IIIe République cherche à construire. Après avoir étudié les documents rassemblés lors de votre enquête, vous rédigez un article pour répondre à votre mission en rendant notamment compte des débats sur l’éducation.

Le débat sur l’éducation : des arguments opposés

Dans une société qui s’est donné pour tâche de fonder la liberté, il y a une grande nécessité de supprimer les distinctions de classes… Or, messieurs, je vous défie de faire jamais de ces deux classes une nation égalitaire, une nation animée de cet esprit d’ensemble et de cette confraternité d’idées qui font la force des vraies démocraties si, entre ces deux classes, il n’y a pas eu le premier rapprochement, la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur les bancs de quelque école.

Jules Ferry, Discours sur la liberté d’éducation

L’instruction obligatoire, c’est le pain obligatoire, ce sont les sabots obligatoires, les vêtements obligatoires, etc. Ce serait faire disparaître l’individualité humaine, ce serait noyer la nature humaine dans la marmite du communisme.

L’Univers, 25 mai 1880

Tout le monde admet que l’État ait le droit de prendre au père de famille ses fils, pour les envoyer à la frontière défendre l’intégrité du sol national, et on lui contesterait le droit de contraindre le tout petit enfant à fréquenter l’école ? D’un côté, c’est l’impôt du sang qu’on exige, de l’autre, c’est l’instruction qu’on distribue libéralement, gratuitement.

La Dépêche de Toulouse, 2 décembre 1880

Ignorance et misère ne sont pas synonymes, et ce n’est pas en ouvrant seulement des écoles qu’on affranchira tant de millions d’hommes que le régime du salariat écrase. Il y faudra des efforts plus hardis.

L’intransigeant, 26 mars 1882

C’est que le premier devoir d’une République est de faire des républicains, et que l’on ne fait pas un républicain comme on fait un catholique. Pour faire un catholique, il suffit de lui imposer la vérité toute faite : la voilà, il n’a plus qu’à l’avaler. Le maître a parlé, le fidèle répète. Je dis catholique, mais j’aurais dit tout aussi bien protestant ou un croyant quelconque.

Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l’excès de travail, et lui donner l’idée qu’il faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi, ni obéissance à personne, que c’est à lui de rechercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef, quel qu’il soit, temporel ou spirituel.

Ferdinand Buisson, Discours au Congrès radical de 1903

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La IIIe République [4e H 3.2]

Ce billet correspond à la partie du cours traitée en français pour la classe de Section Internationale.

I. L’affirmation d’un régime républicain dans les années 1880

Vous êtes un journaliste étranger envoyé en France pour comprendre quel régime et quelle société cette toute jeune IIIe République cherche à construire. Après avoir étudié les documents rassemblés lors de votre enquête, vous rédigez un article pour répondre à votre mission en rendant notamment compte des débats sur l’éducation.

Le débat sur l’éducation : des arguments opposés

Dans une société qui s’est donné pour tâche de fonder la liberté, il y a une grande nécessité de supprimer les distinctions de classes… Or, messieurs, je vous défie de faire jamais de ces deux classes une nation égalitaire, une nation animée de cet esprit d’ensemble et de cette confraternité d’idées qui font la force des vraies démocraties si, entre ces deux classes, il n’y a pas eu le premier rapprochement, la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur les bancs de quelque école.

Jules Ferry, Discours sur la liberté d’éducation

L’instruction obligatoire, c’est le pain obligatoire, ce sont les sabots obligatoires, les vêtements obligatoires, etc. Ce serait faire disparaître l’individualité humaine, ce serait noyer la nature humaine dans la marmite du communisme.

L’Univers, 25 mai 1880

Tout le monde admet que l’État ait le droit de prendre au père de famille ses fils, pour les envoyer à la frontière défendre l’intégrité du sol national, et on lui contesterait le droit de contraindre le tout petit enfant à fréquenter l’école ? D’un côté, c’est l’impôt du sang qu’on exige, de l’autre, c’est l’instruction qu’on distribue libéralement, gratuitement.

La Dépêche de Toulouse, 2 décembre 1880

Ignorance et misère ne sont pas synonymes, et ce n’est pas en ouvrant seulement des écoles qu’on affranchira tant de millions d’hommes que le régime du salariat écrase. Il y faudra des efforts plus hardis.

L’intransigeant, 26 mars 1882

C’est que le premier devoir d’une République est de faire des républicains, et que l’on ne fait pas un républicain comme on fait un catholique. Pour faire un catholique, il suffit de lui imposer la vérité toute faite : la voilà, il n’a plus qu’à l’avaler. Le maître a parlé, le fidèle répète. Je dis catholique, mais j’aurais dit tout aussi bien protestant ou un croyant quelconque.

Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l’excès de travail, et lui donner l’idée qu’il faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi, ni obéissance à personne, que c’est à lui de rechercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef, quel qu’il soit, temporel ou spirituel.

 Ferdinand Buisson, Discours au Congrès radical de 1903

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Une difficile conquête : voter de 1815 à 1870 [4e H 3.1]

Ce billet correspond à la partie du cours traitée en français pour la classe de Section Internationale. Il traite de la période 1815-1848

Mots clé :

  • suffrage censitaire
  • monarchie constitutionnelle
  • restauration
  • ultra
  • réaction
  • Charte de 1814
  • loi électorale de 1831

I. La Restauration (1814-1830)

Chronologie

1814

  • avril : abdication de Napoléon Ier ; retour de Louis XVIII à Paris (première Restauration)
  • juin : Charte

1815

  • mars : débarquement de Napoléon (les Cent jours)
  • 18 juin : Waterloo
  • juillet : 2e retour de Louis XVIII (Seconde Restauration)

1824

  • septembre : Charles X succède à son frère

1825

  • mai : sacre du roi à Reims

Le contexte politique

Doc 4 – Discours d’un ultra

C’est à la force de ses mœurs que l’Europe doit sa supériorité sur les autres parties du monde et la force de ses mœurs est due uniquement à la religion chrétienne qui, en honorant le mariage, est la source féconde et constante de la population.
J’ai avancé que la religion chrétienne, par le respect dont elle environne le mariage, était la véritable cause de la population. Nous en trouverons la preuve dans la comparaison à faire entre, d’une part, les pays soumis à l’islamisme, qui a pour dogme la fatalité, et qui permet la polygamie, et d’autre part ceux où règne la religion qui consacre l’indissolubilité du mariage et la confiance dans la Providence […]
En Asie, l’homme plongé dans la mollesse, n’ayant pour femmes que des esclaves consacrées à ses plaisirs, vit sans travail et sans économie. Le sort de ses enfants ne peut l’occuper : que lui importe ? […] En Europe, au contraire, l’énergie du père s’accroît par le nombre des enfants. Il leur donne l’exemple du travail et de l’activité, se regardant avec raison comme spécialement chargé par la Providence de pourvoir à leurs besoins, il embrasse pour eux, le présent et l’avenir. La femme, chargée de la conduite de la maison et de l’économie domestique, a pour ses enfants et pour son mari cette tendre sollicitude qui veille à leur bien-être.
Parlons franchement Messieurs, le divorce ne fait pas des heureux ; aucune loi dans l’univers ne l’ordonne, aucun pays ne l’honore. Qu’on ne vienne donc pas mettre dans notre patrie ce qui serait commode pour quelques individus avec ce qui est souverainement immoral et dangereux pour tous […]

Auguste Josse-Beauvoir, « Intervention à la Chambre des députés », Seconde Restauration, 2 mars 1816

  1. Que peut-on dire de la Restauration à partir des documents 1 et 2 ?
  2. Présentez les forces politiques à partir de la caricature (document 3) ?
  3. Contre quoi le député ultra se prononce-t-il et quelle vision du monde a-t-il ? (document 4) ?

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Les dynamiques d’un grand ensemble géographique africain [4e – G 3.3]

Votre mission : Vous travailler pour une ONG de conseil en développement. Une start-up vient de vous contacter : elle souhaite développer une application pour les travailleurs de l’industrie du coton, des petits producteurs aux industriels, afin de développer les cultures biologiques et équitables. Elle songe à plusieurs endroits pour s’installer : l’Inde, la Chine, la Turquie qui sont déjà de grands producteurs de coton biologique, mais aussi l’Afrique et notamment l’Afrique de l’Ouest. Elle vous charge d’un rapport pour savoir si une implantation à Abidjan serait pertinente.

Vous devrez :

  • rendre un rapport analysant des points forts et des points faibles sur:
    • les réseaux géographiques et humains de l’industrie du coton
    • le dynamisme de l’Afrique de l’Ouest et d’Abidjan
    • le lien à l’espace monde et la place des diaspora
  • proposer une carte de synthèse

Pour cela, constituez des groupes et travaillez à partir des dossiers thématiques proposés dans ce billet et du dossier papier fourni. Des questions seront là pour vous aider. Vous pouvez suivre le cheminement proposé ou proposer un plan différent.

Conseil :

  • Favorisez le travail de groupe et répartissez vous certaines tâches.
  • Désignez un coordinateur qui organise le résultat des recherches.
  • Soyez nuancé dans votre rapport : pesez les arguments positifs et négatifs

I. Une zone en croissance ?

Commencez par vous repérer et vous familiariser avec la zone d’Afrique de l’Ouest. Il faut ensuite étudier le contexte de la croissance économique et humaine. Utilisez les cartes et notamment l’outil Perspective Monde de l’Université de Sherbrooke pour comparer les États, notamment dans le domaine de l’économie et de l’éducation. Le dossier pourra être complété avec le site de l’UEMOA.

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Conquêtes et sociétés coloniales [4e – H2.2]

Ce billet correspond à la partie du cours traitée en français pour la classe de Section Internationale.

Compétences travaillées :

  • Se repérer dans le temps
  • Raisonner, justifier une démarche et des choix effectués

Repères et notions à connaître (situer dans le temps et expliquer) :

  • abolition de l’esclavage
  • printemps des peuples
  • théorie de l’évolution
  • empire colonial
  • volonté civilisatrice
  • l’exploitation des colonies
  • société coloniale

I. La France et les conquêtes coloniales

L’exercice à réaliser est la résolution d’une question problème : comment la France se retrouve-t-elle à la tête du deuxième empire colonial du monde au début du XXe siècle alors qu’au milieu du XIXe siècle semblait souffler un vent de liberté ?

Vous rédigerez un texte en trois étapes en vous aidant des trois séries de documents.

1. Un souffle de liberté, une autre vision de l’homme au milieu du XIXe siècle

Décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848 (extraits)

Au nom du Peuple Français

Gouvernement provisoire,
Considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ;
Qu’en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir; Qu’il est une violation flagrante du dogme républicain : ‘Liberté – Egalité – Fraternité’ ;
Décrète :

Art. Ier – L’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elles. A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront interdits.

Art. 5 – L’Assemblée Nationale règlera la quotité de l’indemnité qui devra être accordée aux colons.

Art. 6 – Les colonies purifiées de la servitude et les possessions de l’Inde seront représentées à l’Assemblée Nationale.

Art. 7 – Le principe ‘que le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche’ est appliqué aux colonies et possessions de la République.

Art. 8 – A l’avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout français de posséder, d’acheter ou de vendre des esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement, à tout trafic ou exploitation de ce genre. Toute infraction à ces dispositions entraînerait la perte de la qualité de citoyen français.

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