#FIG2015 Imaginations cartographiques : rêveries, fictions, allégories

Table ronde Imaginations cartographiques : rêveries, fictions, allégories

Ce compte-rendu est proposé par Julien Meynet, du Lycée français Lyautey de Casablanca

La table ronde proposée, animée par Guillaume Fourmont, rédacteur en chef de la revue Carto et organisée par Henri Desbois a réuni des intervenants provenant d’horizons divers.
Le thème commun aux discussions fut les imaginations cartographiques. Guillaume Fourmont a à ce titre rappelé que les 1ères réalisations cartographiques comportaient une part d’imaginaire importante.
Intervenants :

  • Henri Desbois, maître de conférence, université Paris-Nanterre
  • Barbara Muller, doctorante, université de Strasbourg
  • Olivier Palsky, professeur, Paris1 Panthéon-Sorbonne
  • François Place, auteur

Le 1er intervenant est Henri Desbois. Il s’intéresse à l’imaginaire géographique de la carte. Pourquoi et comment les cartes sont un support imaginaire. Son propos débute à la Renaissance, période où la carte se diffuse grâce à l’imprimerie.
# La rêverie cartographique : voyager sans mettre les pieds hors de son étude. La carte permet le voyage immobile. Ex : Robert Burton, Anatomie de la Mélancolie, 1612

# La carte comme objet esthétique. Ex : Vermeer, l’officier et la jeune fille riant, 1660. Carte au mur, très courant dans les tableaux de Vermeer.

# La carte comme outil figurant l’organisation des connaissances. Dans l’introduction de l’Encyclopédie de 1751, d’Alembert évoque sa tâche, réaliser une cartographie de la connaissance humaine, la carte est alors le symbole de la science.

# A partir du 19ème siècle, la carte est associée au domaine militaire, de nombreux militaires sont peints carte à la main.

# La carte, une dimension romanesque. la carte de l’île au trésor, l’île mystérieuse…

# La carte globale, théâtre du conflit mondial, notamment dans docteur Folamour en 1964.

# La carte dans les séries policières, notamment dans NCIS où une grande partie de l’action se déroule l’écran d’un SIG.

Barbara Muller est la seconde intervenante. Elle propose une synthèse de sa thèse sur la cartographie et les monstres marins à la Renaissance. Elle s’appuie sur divers cartes notamment la carte marine de la Scandinavie de Olaus Magnus en 1539.  Les monstres sont très présents sur les cartes de l’époque, offrant ainsi une dramatisation de l’océan. Elle s’interroge sur les destinataires de ces cartes. Sur les globes et les cartes marines, les monstres marins étaient facturés à la commande, ces cartes étaient souvent assez chères, surtout exposées dans les salons et non utilisées sur les navires. Les spectateurs des cartes sont donc des privilégiés.

Il existe différents types de monstres. Par exemple, la Vacca Marina, vache marine a une poche d’eau sous le museau pour respirer. Chaque créature sur terre a un équivalent marin. On trouve dans ce bestiaire le moine mer, une sorte de calamar qui ressemble étrangement à un évêque. (Conrad Gessner, 1558). Il s’agit là d’une moquerie religieuse. Les monstres marins ont donc des origines très diverses et des fonctions variées :
– indiquer les zones dangereuses
– fonction esthétique, d’ornement
– dissuader de pêcher dans certaines zones
– une façon de critiquer la religion

Olivier Palsky est le 3ème intervenant, il s’intéresse à l’imaginaire cartographique entre fascination et déception.  Il évoque le pouvoir des cartes qui ont la force de créer, de renforcer des lieux. Il s’appuie pour étayer son propos sur l’île de Thomas More qui contient différents éléments de vraisemblance. Olivier Palsky est membre fondateur de l’OUCARPO, il propose différentes idées pour faire des cartes imaginaires :
– faire une carte climatique de l’île au trésor
– carte géologique de la terre du milieu de Tolkien
– carte statistique de l’île Utopie de More
– SIG de Brouzzoufland

Il termine son exposé en insistant sur l’idée que l’imaginaire est inséré dans la connaissance. On représente quelque chose auquel on croit (le paradis terrestre par exemple). La présence de l’imaginaire dans la cartographie est importante du 16 au 19ème siècle, puis disparaît avec la construction d’un monde fini.

François Place, auteur, présente son ouvrage, un atlas imaginaire basé sur l’alphabet intitulé, Atlas des géographes d’Orbae.

#FIG2015 Réfléchir le monde à travers le cinéma

Réfléchir le monde à travers le cinéma : revisiter l’enseignement de la géographie
par Yann Calbérac, Bertrand Pléven et Marion Beillard (IA IPR)

Ce compte-rendu est proposé par Julien Meynet, du Lycée français Lyautey de Casablanca

Faire entrer le monde dans la classe & faire entrer la classe dans le monde

Les travaux proposés lors de cet atelier se veulent à la croisée entre la recherche universitaire et la pratique de classe. La réflexion est centrée sur les territoires urbains au travers du cinéma et la construction, chez les élèves de l’imaginaire géographique.
En guise d’introduction, les intervenants montrent l’intérêt du cinéma comme terrain géographique.
– Un enjeu intellectuel : L’objectif étant d’apprendre à voir et de voir pou apprendre, d’armer le regard pour voir le cinéma. Il doit permettre une mise en ordre du monde.
– Un enjeu culturel : Le cinéma construit le rapport à l’altérité, il permet de se projeter dans la vie de l’autre. Aussi, s’intéresser au cinéma c’est une façon de légitimer les pratiques culturelles de l’élève, de prendre au sérieux sa culture.
– Un enjeu civique : la fiction, c’est croire, accepter que ce que je vois est vrai le temps d’un film, en ce sens permet de travailler la dimension critique.

Bertrand Pleven insiste ensuite sur la difficulté de contextualiser en géographie et  sur la difficulté d’avoir un regard critique au cinéma.
Il revient sur la distinction entre la  fiction, considérée comme éloignée de la vérité, fausse et le documentaire qui dirait la vérité. Selon lui, ces deux visions des choses sont très réductrices.
En fait, les deux renvoient à une tentative de mise en ordre du monde, de mise en place d’éléments pour comprendre le monde. La fiction et le documentaire sont donc des représentations différentes à partir d’une même réalité, les deux renvoient à une expérience géographique (même la science-fiction qui a sa cohérence).

La fiction est en ce sens aussi intéressante à étudier en classe que le documentaire. La fiction est plausible, vraisemblable. Le cinéma renvoie à l’individu, il peut-être interroger au travers de 3 questions : Que vois-je, comment le vois-je, que suis-je capable de voir.

Marion Beillard rappelle ensuite les conditions légales en terme de projection dans les classes. Tous les textes sont disponibles sur EDUSCOL.
Elle relève 3 cas de figure :
– La fiction ou le documentaire ont été récupérés sur EDUTHEQUE. Dans ce cas aucun problème de droit.
– Il s’agit d’un DVD acheté par l’établissement avec une licence. Dans ce cas aucun problème de droit.
– Cas le plus fréquent, le film a été récupéré sur internet, ou provient d’un DVD acheté. Dans ce cas, il est possible de diffuser l’œuvre dans le cadre de « l’exception pédagogique ». Il est autorisé de diffuser, de montrer une œuvre pour illustrer un propos mais, l’extrait ne doit pas dépasser 6 minutes ou pas plus de 1/10 de l’œuvre. C’est ce que l’on nomme « l’exception de courte citation à usage pédagogique ».

Atelier 1
Après cette introduction, il est proposé à l’assemblée de visionner une fiction puis de l’analyser. Il s’agit d’un film collectif intitulé Paris je t’aime : il a été demandé à des réalisateurs provenant de différents pays de réaliser une histoire par arrondissement parisien. Entre chaque court métrage, le paysage parisien sert de lien spatial à l’ensemble du film.  C’est le court métrage « Loin du XVIe » qui est visionné.

https://youtu.be/4LjhfZB8XJE

Bertrand Pleven a utilisé ce film en 6ème dans le thème intitulé « Habiter la ville ».

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