Géomatique des transports – Une approche transversale entre Géographie et Informatique et Création Numérique #FIG2016

Géomatique des transports. Une approche transversale entre Géographie et Informatique et Création Numérique (ICN)

Samuel Coulon, professeur d’Histoire-Géographie, et David Roche, professeur de Physique.

p_20161001_113337coulonrocheDans le cadre des ateliers numériques du FIG 2016, S. Coulon et D. Roche nous présente un projet particulièrement intéressant. La géomatique doit permettre à l’élève d’être acteurs dans trois rôles : concepteur, élaborateur et utilisateur. Le cadre de l’ICN est ici pertinent. Pour rappel, il s’agit d’un enseignement d’exploration en Seconde, puis d’une option en Premières. En Terminales, les séries L et ES continuent l’ICN en option facultative, et les S passent en spécialité ISN.

L’approche est transdisciplinaire et les élèves doivent construire des projets, ce qui induit leur participation active. La pédagogie de projet répond à une problématique disciplinaire, ici géographique avec le thème 2 du programme de Premières ES/L.

Le module d’ICN proposé est celui du programme sur la « visualisation et représentation graphique de données » en utilisant des données géolocalisées. Le déroulé horaire est le suivant :

  • une première heure en géographie pour sélectionner les données
  • 15 heures en ICN pour les aspects techniques et construire le projet
  • une dernière heure en géographie pour une analyse critique des productions

Le projet recourt à deux concepts liés aux données :

  • le Big data qui consiste en une méthode et une technologie de collecte d’un très grand nombre de données, avec pour objectif des les traiter en temps réel
  • l’Open data pour bénéficier de données libres et ouvertes

On puise les données dans différentes sources : EU Opendata portal, Eurostat, SNCF Opendata et Rail et histoire pour récupérer les données SNCF antérieures à 1980.

On doit apprendre à s’y retrouver dans un « océan de données » car il faut non seulement trouver ces données mais aussi s’assurer qu’elles soient complètes.

Le traitement informatique se fait avec la bibliothèque JavaScript D3JS qui permet de traiter des formats variés (Json, csv, xml, …) pour ensuite les afficher dans un navigateur web. On pourra se référer à l’excellent site informatiquelycee.fr de David Roche qui propose des activités pour les élèves avec une mise au travail par petite touche afin que l’élève ait toujours quelques chose à faire.

Samuel Coulon et David Roche nous proposent des résultats possibles :

  • un cartogramme animé des temps de transport de la SNCF avant et après la mise en place de LGV, ce qui permet bien sûr de rendre compte de la contraction des données.
  • une carte à case à partir des données Eurostat qui montre le nombre de passagers par km en million. On peut aussi faire apparaître le résultat en carte à bulles, mais le meilleur choix reste sans doute la carte choroplèthe. En modifiant rapidement et facilement le code, on peut faire varier le nombre des seuils et leurs valeurs.

Ainsi, on fait réfléchir sur les modes de représentation graphique, en développant un esprit critique sur les limites de la visualisation. On peut donc dire que l’ICN est une discipline ouverte sur l’extérieur. L’intérêt de la bibliothèque JavaScript choisie tient notamment dans les nombreuses fonctions interactives possibles : la seule limite est donc la connaissance du code.

Samuel Coulon et David Roche nous montrent ainsi toute la pertinence de l’engagement de la géographie dans l’ICN, avec un exercice qui fait sens et permet vraiment de rendre l’élève créateur tout en développant une analyse critique. C’est une démonstration stimulante qui ne peut que favoriser la promotion de l’ICN !

 

Enseigner la mer #FIG2016

Enseigner la mer

Présentation d‘ouvrage par Florence Smits, Inspectrice Générale de l’Éducation Nationale

n-9135-13377F. Smits présente un ouvrage édité par Canopé dans une toute nouvelle édition.

La mer, encore parfois convoquée pour faire l’éloge de la lenteur et de la liberté, est aujourd’hui un élément incontournable et qui à ce titre se trouve dans tous les programmes.

Pourquoi une nouvelle édition ?

Tout simplement parce que « la mer monte dans les programmes ». La géographie des mers et océans n’apparaît que dans la 2e moitié du XXe siècle, en se détachant de l’océanographie par l’introduction des hommes, d’abord par la pêche et le tourisme. Puis, on s’éloigne du littoral pour aborder la haute mer.

Il s’agit désormais de renforcer l’approche pluri-disciplinaire et de multiplier les études systémiques. De nouvelles perspectives s’ouvrent donc dans l’approche et les contenus, par exemple pour mieux comprendre les enjeux géostratégiques. Cette notion apparaît d’ailleurs 2016 dans les programmes de Seconde et Terminales.

La première édition du livre date de 2013 et témoigne de cet intérêt croissant, qu’on retrouve d’ailleurs aussi dans les concours de recrutement. On introduit la mer au collège en 2016 car c’est désormais une clé incontournable pour comprendre un monde contemporain à la complexité croissante, tant dans ses aspects économiques que dans sa dimension environnementale. En 4e on en reste au factuel, les aspects géopolitiques étant introduits en Terminale. On s’adapte donc au rythme de progression des élèves.

Pour enseigner la mer il faut décentrer le regard, se remettre en cause et faire évoluer ses pratiques. Cela implique de remettre en cause les concepts de territoire et de frontière, notamment parce qu’il faut maintenant envisager cet espace dans ses trois dimensions. Camille Parrain a proposé un nouveau concept, le « merritoire », qui certes repose encore sur un jeu de mot mais qui va sûrement devenir opératoire avec l’augmentation de la présence humaine et la diminution des ruptures entre la terre et la mer. On peut aussi redécouvrir les territoires au regard des liens avec la mer, comme par exemple les grandes métropoles qui sont souvent de grands ports.

Les fondamentaux ne sont toutefois pas à oublier :

  • il faut une approche systémique pour tenir compte des nombreux acteurs et enjeux
  • l’approche multiscalaire est fondamentale

Ainsi, on assiste aujourd’hui à des réorganisation régionales : avec la croissance de la capacité des porte-conteneurs, les navires de 12/14 000 EVP sont de plus en plus utilisés pour le feedering ce qui requiert l’aménagement de ports jusque là aptes à accueillir des 6 000 EVP. C’est un basculement de la géographie qui invite à ne plus se contenter des littoraux, où la mer n’est qu’un support, mais à s’ouvrir vraiment aux mers et océans.

L’ouvrage va au-delà d’une simple actualisation car la demande est plus large avec le thème porté au collège et dans les concours. Ainsi de nouvelles séquences pédagogiques sont disponibles gratuitement en ligne et le format a été revu.

Un ouvrage, deux composantes

3 objectifs pour le livre papier :

  • académique pour assurer une mise au point scientifique
  • pédagogique, pour savoir quand l’enseigner
  • didactique pour le contenu

Après 11 pages d’introduction, 11 chapitres sont regroupés en 3 parties :

  • Mers et océans dans la mondialisation
  • Les mers, les océans, les hommes
  • Au cœur des enjeux de puissance

La 2e composante est l’ensemble des séquences pédagogiques. On en trouvera notamment 6 pour le collège, 6 pour le lycée général, 3 pour les EPI.

Toutes les entrés n’ont pas à être mobilisées mais on peut facilement adapter les séquences. Pour chaque leçon les auteurs ont pris le parti de proposer un choix important de documents, pour laisser à l’enseignant la possibilité de choisir. Une séquence peut toujours s’aborder de trois manières :

  • un produit clé en main
  • un support à recomposer
  • un puzzle permettant de combiner plusieurs séquence pour en faire une seule

Toutes les séquences sont organisées de la même manière avec notamment référence au BO et à la fiche Eduscol, une problématique,l’approche retenue avec les compétences ; les notions et le vocabulaire.

On trouvera des cartes et des exercices d’inégale difficulté afin de permettre un travail différencié selon les élèves.