Conquêtes et sociétés coloniales [4e – H2.2]

Ce billet correspond à la partie du cours traitée en français pour la classe de Section Internationale.

Compétences travaillées :

  • Se repérer dans le temps
  • Raisonner, justifier une démarche et des choix effectués

Repères et notions à connaître (situer dans le temps et expliquer) :

  • abolition de l’esclavage
  • printemps des peuples
  • théorie de l’évolution
  • empire colonial
  • volonté civilisatrice
  • l’exploitation des colonies
  • société coloniale

I. La France et les conquêtes coloniales

L’exercice à réaliser est la résolution d’une question problème : comment la France se retrouve-t-elle à la tête du deuxième empire colonial du monde au début du XXe siècle alors qu’au milieu du XIXe siècle semblait souffler un vent de liberté ?

Vous rédigerez un texte en trois étapes en vous aidant des trois séries de documents.

1. Un souffle de liberté, une autre vision de l’homme au milieu du XIXe siècle

Décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848 (extraits)

Au nom du Peuple Français

Gouvernement provisoire,
Considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ;
Qu’en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir; Qu’il est une violation flagrante du dogme républicain : ‘Liberté – Egalité – Fraternité’ ;
Décrète :

Art. Ier – L’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elles. A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront interdits.

Art. 5 – L’Assemblée Nationale règlera la quotité de l’indemnité qui devra être accordée aux colons.

Art. 6 – Les colonies purifiées de la servitude et les possessions de l’Inde seront représentées à l’Assemblée Nationale.

Art. 7 – Le principe ‘que le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche’ est appliqué aux colonies et possessions de la République.

Art. 8 – A l’avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout français de posséder, d’acheter ou de vendre des esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement, à tout trafic ou exploitation de ce genre. Toute infraction à ces dispositions entraînerait la perte de la qualité de citoyen français.

2. Mais en 1911 la France est le 2e empire colonial du monde

Voir en grand ou en détail sur Gallica.

3. Pourquoi la colonisation ?

Discours de Jules Ferry en faveur de l’expansion coloniale, devant la chambre des députés, le 28 juillet 1885 (extraits).

Au point de vue économique pourquoi des colonies ? … La forme première de la colonisation c’est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment une population exubérante. […] Les colonies sont, pour les pays riches, un placement en capitaux des plus avantageux […] Je dis que la France, qui a toujours regorgé de capitaux et en a exporté des quantités considérables à l’étranger a intérêt à considérer ce côté de la question coloniale. La question coloniale, c’est, pour des pays voués par la nature de leur industrie à une grande exportation, comme la nôtre, la question même des débouchés […] la fondation d’une colonie c’est la création d’un débouché.
Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idée que je dois également aborder, le plus rapidement possible, croyez-le bien, c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. […]
Cette politique d’expansion coloniale s’est inspirée d’une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu’une marine comme la nôtre ne peut se passer, sur la surface des mers d’abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement […]
Et c’est pour cela qu’il nous fallait Saigon et la Cochinchine ; c’est pour cela qu’il nous faut Madagascar.
Rayonner sans agir, sans se méler aux affaires du monde, en se tenant à l ‘écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l’Afrique ou vers l’Orient, vivre de cette sorte pour une grande nation c’est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier rang au troisième ou au quatrième.

 

 

II. La société coloniale de Cochinchine

Dans cette deuxième partie, vous êtes un voyageur qui, vers 1900, effectue une halte de quelques semaines à Saigon. Vous écrivez à vos amis pour décrire la société coloniale que vous rencontrez.

 

Quelles bousculades à l’appontement des Messagerie, aux quninzaines de courrier, au bateau qui vient de France ! Quelle cohue de malabars et pousse pour escorter les fourgons des Postes, par les rues, jusqu’aux bureaux, attendre une heure aux guichets, pour gagner quelques minutes sur la distribution en ville. Et combien, sans véhicules, qui, la veste plaquée de sueur aux omoplates, prennent le pas de gymnastiques…

Jean Ajalbert, Les Destinés de l’Indochine

En 1905, dans son roman Les civilisés, Claude Farrère dépeint un portrait critique de la société coloniale :

Une voiture venant à leur rencontre les croisa dans le temps d’un éclair. D’autres survinrent. La route tournait à gauche, et se prolongeait en allée de parc, joliment encadrée de pelouse et de bosquet. C’était l’Inspection, – les Acacias de Saigon, où la mode est de se promener la nuit comme le jour.

[….]. Le gouverneur, orateur de talent […] discourt sur les mœurs de la colonie, – mœurs indigènes et mœurs importées.

« Le chinois est voleur et le japonais assassin ; l’annamite, l’un et l’autre. Cela posé, je reconnais hautement que les trois races ont des vertus que l’Europe ne connaît pas, et des civilisations plus avancées que nos civilisations occidentales. Il conviendrait donc à nous, maîtres de ces gens qui devraient être nos maîtres, de l’emporter au moins sur eux par notre moralité sociale. Il conviendrait que nous fussions, nous les colonisateurs, ni assassins ni voleurs. Mais cela est une utopie. […] Les colonies ont la réputation d’être la dernière ressource et le suprême asile des déclassés de toutes les classes et des repris de justices. En foi de quoi la métropole garde pour elle, soigneusement, toutes les recrues de valeur, et n’exporte jamais que le rebus de son contingent. […] Ceux qui défrichent en Indochine n’ont pas su labourer en France ; ceux qui trafiquent ont fait banqueroute ; ceux qui commandent aux mandarins lettrés sont fruits secs de collège ; et ceux qui jugent et qui condamnent ont été quelquefois jugés et condamnés. »

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