Présentée en 1859 dans son ouvrage L’Origine des espèces, la théorie de l’évolution de Charles Darwin est souvent présentée sous la forme d’un arbre aux multiples ramifications. Pourtant, à regarder de plus près ses croquis et ses notes, on s’aperçoit que la pensée de Darwin se développe autour de formes plus subtiles qui ne sont pas sans rappeler les coraux. Darwin pensait avec la main car celle-ci « traduit mieux que le langage l’évidence immédiate de la pensée en mouvement, le détail apparemment le plus petit devient souvent le plus révélateur. » Darwin a inscrit la formule « I Think » au dessus de l’esquisse définissant ainsi le médium du dessin comme une membrane de la pensée. L’image n’est pas le dérive ou l’illustration, mais le support actif du processus intellectuel. » I think » : ainsi écrit le penseur et ainsi parle l’esquisse. […] Les ramifications du modèle corallien de Darwin n’évoluent pas seulement vers le haut mais foisonnent dans toutes les directions comme un relevé cartographique.[…] Le corail permettait non seulement de transmettre de façon particulièrement évocatrice l’image de l’évolution, à la manière d’un tableau de bataille avec des vivants vainqueurs et des morts pétrifiés mais il garantissait aussi par la forme de la croissance , la dimension anarchique de l’évolution. » Citations extraites de Les coraux de Darwin : premiers modèles évolutionnistes et tradition de l’histoire naturelle , de Horst Bredekamp.