La classe numérique

Qu’est-ce qu’une classe numérique ? La réponse est bien sûre vaste et surtout non définitive. Partout en effet la réflexion sur la pédagogie est en effervescence. Mutations des générations, modifications des rapports hiérarchiques, multiplication de l’accès aux connaissances, mais par forcément au savoir, développement des réseaux sociaux  et bien sûr transformations technologiques qui font penser à une véritable révolution !

La classe numérique respecte les principes de bases, à savoir l’acquisition des savoirs et des compétences en conformité avec les programmes, et notamment dans le but de préparer au baccalauréat. Mais elle a aussi pour objectif de modifier les paradigmes de travail et d’apprentissage en favorisant l’émergence autonome du savoir chez l’élève, en s’adaptant au rythme de chacun, en sollicitant tous les processus cognitif (sons, images, vidéos, cartes heuristiques, …) et en intégrant les outils modernes et du web 2.0 (collaboration, mutualisation, interaction) pour apprendre à tirer le meilleur parti de la société de l’information.

Une séquence TICE en 1ère : curation, agrégation, création

La séquence

Le cours sur les territoires ultramarins de l’Union Européenne en 1ère impose une étude de cas qui se conclut par un schéma. C’est la Martinique qui a été choisie.

L’objectif de la séance est de mettre en place un travail collaboratif qui mobilise les TICE. Pour cela, on procède à l’élaboration d’un dispositif à trois niveaux :

Niveau 1 : des groupes de trois/quatre élèves travaillent sur un thème donné (environnement, développement, intégration régionale…). On utilise des ressources web mais aussi le manuel, puisque la maîtrise de celui-ci fait partie des compétences officiellement définies depuis la seconde. Il m’a semblé que les groupes composés de 3 élèves, pourvus de deux netbooks et d’un manuel, aboutissait à une bonne productivité. Les informations collectées sont discutées puis twittées avec un hashtag défini en début de séance. Il parait aussi requis de demander un court résumé de quelques lignes sur le cours collaboratif hébergé dans GoogleDoc.

Niveau 2 : 2 élèves ouvrent un Storify et commencent à agréger l’information, notamment via les Tweets. Leur consigne est d’organiser l’information en vue de produire un plan pour le schéma.

Niveau 3 : deux élèves travaillent avec scribblemaps sur le TBI, essentiellement à la tablette graphique pour produire un travail précis. Bien que pris par le temps, les élèvent aboutissent à ce résultat .

L’enseignant passe dans les groupes, apporte son soutien et des conseils, et vérifie la publication des tweets sur  Hastags.org  par exemple.

On obtient ces résultats :

Lien vers le Storify

 

Sur Scribblemaps :

Un exemple de réalisation par des élèves :

 

Remarques

Tout d’abord deux liens, parmi d’autres, pour saluer d’autres enseignants qui partagent leurs expériences et m’inspirent : François Jourde et Laurence Juin.

  Il parait important, dans le déploiement de nouveaux scenarii, de procéder à un debriefing de 5 mn avec les élèves. Ce qu’il en ressort :

  • l’expérience est ludique et permet à chacun de s’exprimer, bien plus qu’avec un cours typique.
  • il faut toutefois gérer le délai entre le début de la curation et l’arrivée des informations pour construire le schéma sur Scribblemaps.
  • quelques problèmes techniques (reset du storify, problèmes pontuels d’affichage du scribblemaps) mais rien de nature à nuire vraiment à la séance.
  • la mise en place du plan pour le schéma doit être renforcé, par une collaboration plus étroite entre les niveaux 2 et 3

 

 

  L’expérience peut être étendue, notamment au niveau 1 : on peut imaginer travailler en synchrone avec une autre classe, avoir un groupe qui réalise une interview et la tweet, envoyer un groupe au CDI, qui pourrait réaliser une courte vidéo mise en ligne sur la chaîne Youtube de classe, etc…  

On peut résumer ce système avec ce visuel :  

Scénario global possible

Pour terminer, une proposition de correction, d’abord avec un travail préparatoire sur Scribblemaps :

 

Aboutissant au schéma suivant (réalisé avec Inkscape) :

 

Proposition de schéma

Transformer un GoogleDoc en ebook

Le service en ligne GoogleDoc rend bien des services mais dépend d’une connexion internet. On aura donc intérêt à transformer son cours collaboratif en ebook, stocké sur une tablette ou un téléphone et accessible à tout moment. La procédure est simple :

  1. Télécharger le Google Doc en format odt
  2. Installer l’extension Writer2epub dans OpenOffice ou LibreOffice, extension réalisée par Luca Calcinai.
  3. Ouvrir le fichier odt dans Open/LibreOffice
  4. Utiliser le bouton de création d’epub
  5. Transférer l’epub sur le supprot externe et en profiter

Tutoriel vidéo

Petit bilan numérique

Le portable de salle sous GNU/Linux et la tablette Wacom

Démarré il y a un an, le travail collaboratif déjà présenté ici et se poursuit et se diversifie, tant en volume qu’en fonctionnalités. En volume tout d’abord puisque l’ensemble de mes classes est concerné, quoi que selon des modalités variables. En lycée le noyau reste le fichier Google doc, où le cours est noté par plusieurs élèves, en synchrone donc, ce qui se différencie par exemple de l‘expérience de F. Jourde. Il se confirme que, autant Twitter et Diigo ne suscientent que peu d’intérêt, autant l’adoption de GDoc est aisée et virale. Très vite, cet outil est importé dans d’autres disciplines et largement usité pour préparer des exposés par exemple. On a même vu le cas d’un Gdoc servir de mur d’information pour échanger des nouvelles avec une élève partie en cours d’année. En l’absence d’ENT permettant le stockage de fichiers, les dossiers (« collections ») servent à accueillir d’autres documents. Il est toutefois confirmé qu’il faut limiter le nombre d’élèves travaillant en synchrone à 4-5, sous peine d’ambouteillage ou de comportement passif. En 1ères, il faut ainsi faire tourner les participants volontaires, ou les aiguiller vers d’autres tâches (cf plus bas sur les tablettes).

Pronote et Vinagre sur des bureaux virtuels différents

Depuis un mois, les 6e ont eux aussi un cours en ligne. Jusqu’alors chaque élève, à tour de rôle, avait en charge le « cahier commun », qui sert de référence et responsabilise. Mais, conservé au lycée, son accès n’est pas si facile. Voilà pourquoi un 2e secrétaire note le cours dans un article du blog, protégé par mot de passe. Les documents iconographiques, telles les cartes, sont préparés à l’avance sur le portable de la salle et son traités avec Gimp ou Gpaint. La classe travaille heureusement très bien en autonomie, ce qui permet de venir accompagner le secrétaire numérique. Mais des élèves motivés se placent désormais de part et d’autres de la machine pour apporter leur soutien et leur expertise à ceux qui s’y collent pour la première fois ! À ce train, une autonomie satisfaisante sera vite atteinte. Cet exercice demande tout de même 10 bonnes minutes de préprartion de salle pour ne pas perdre de temps : récupérer le portable, ouverture du PC du bureau, vérification du calibrage du TBI, identification sur Pronote, ouverture du portable, liaison distante entre les deux (cf plus bas), identification sur le blog et ouverture de l’article de la leçon, préparation des éventuels documents.

Le trio portable/tablette/smartphone

Cela nous amène à parler du matériel. Les lycéens sont vivement invités à amener ordinateurs, tablettes et smartphones. Outre le TBI, la salle est désormais dotée d’un portable que j’ai passé sous LinuxMint 11, enrichi d’une tablette graphique Wacom, marque bien connue pour sa compatibilité avec le noyau Linux, et fort utile pour la réalisation de schémas. L’ordinateur de bureau, mu par une robuste Ubuntu 10.04, est en connexion (VCN) avec le portable. Concrètement, on peut basculer l’affichage du portable sur le TBI, pour voir ce que l’élève réalise, et intervenir directement dessus. En général j’ouvre une instance avec Vinagre, placé ensuite en attente sur l’un des bureaux virtuels. Quant à Pronote, il tourne avec Wine. Des netbook 10″ peuvent également être mobilisés. C’est à mon sens le meilleur outil qui soit car il est compact et donc facile à transporter, et il répond à toutes les tâches utiles.

Prise de note par carte mentale sur tablette

Autre produit intéressant et d’actualité, la tablette. Côté enseignant l’Archos 70b Reader, acheté environ 200 $ il y a quelques mois, n’est pas une bête de course mais remplit son rôle : lecture du cours, suivi de l’actualité et de la curation, notamment via Twitter, lors des pauses. Chez les élèves, on aura aperçu 2 iPad, une galaxy Tab 7″ de 1ère génération, et, tout récemment, un Kindle Fire. Qu’on soit en 10 ou 7′, la productivité sur un Google Doc laisse cependant perplexe. En revanche, cela permet de suivre l’évolution de la prise de note  collaborative, et on peut apporter là un complément d’activité, sous la forme de cartes mentales ou de schémas, qui sont ensuite intégrés dans la « collection » de classe.

Restent les smartphones. La prise de note relève bien sûr de l’expérience pittoresque, mais en revanche ils peuvent servir pour des recherches ponctuelles d’informations. Toutefois, la meilleure utilité que je vois et de permettre de suivre la prise de note colaborative, notamment pour les élèves en difficulté avec la langue française. Sans recopier ce qui se fait, il peuvent ainsi saisir le vocabulaire utilisé et la structure des phrases.

Plan de salle

L’équipement de classe est complété par un clavier et une souris sans fil. L’enseignant peut ciculer dans la classe en gardant le contrôle de l’ordinateur de bureau, notamment pour venir en soutien à un élève envoyé faire un exercice sur le TBI. Mais cette tâche peut aussi être confiée à d’autres élèves qui se transmettent facilement ces outils. Enfin, une webcam permet, grâce à Cheese par exemple, de visualiser des documents ou des exercices d’élèves : c’est fondamental par exemple en correction de croquis pour exercer l’esprit critique. La quête de l’aménagement idéal de la salle se poursuit avec actuellement uns structuration permettant la mise en place de 2 pôles de regroupement, pratiques pour le travail de groupe, et d’un fil d’étirement en U facilitant la circulation.

TBI sous Ubuntu - affichage du Google doc saisi sur le portable

Rappelons que tous les logiciels utilisés durant les cours sont libres : chaque élève peut donc les télécharger et les réutiliser hez lui, par exemple pour réexploiter les documents élaborés en cours, comme un fichier Gimp par exemple. Le Libre remplit ici parfaitement son rôle en proposant des outils accessibles, fonctionnels et résistants. L’Ubuntu 10.04 commence un peu à vieillir mais reste fiable. Peut-être tiendra-t-elle jusqu’à la fin de l’année où on passera à la nouvelle LTS (la 12.04), sans souci d’ailleurs puisque des tests avec 11. 10 montrent la parfaite prise en charge du tactile. Avec l’outil de calibration, le logiciel de TBI Sankore et le clavier virtuel Onboard, on dispose de toute la panoplie logicielle nécessaire pour tirer le meilleur parti du TBI Smartboard. Signe encourageant, ce premier trimestre a été marqué par l’apparation d’un Macbook tournant sous Ubuntu 11.10 – sans complexe ! – et d’une nouvelle demande d’installation de GNU/Linux sur un portable d’élève.

Un usage de G+ : carte mentale d'élève corrigée

Enfin, nous nous aventurons sur le terrain des réseaux social. Le choix s’est porté naturellement sur Google+ dans la mesure ou Gdoc est déjà utilisé. On n’oubliera pas toutefois de bien expliquer que cette concentration d’activité dans les mains d’un service externe n’est pas satisfaisante. Mais il s’agit bien d’un début d’expérimentation et je regarde aussi du côté de Diaspora* en attendant des retours d’expérience.

Dématérialiser ses cours

Pour en finir avec les cours imprimé, puis réimprimés pour être à jour, avec pour conséquence des archives ou des casiers trop pleins, la dématérialisation peut être une solution. Elle peut se réaliser en combinant trois étapes : création d’un e-pub, enregistrement sur un compte en ligne, récupération sur une tablette. Voyons les détails :

Créer un cours au format epub

Le format epub est un format libre de publication électronique. Il a pour avantage d’être standardisé et de s’adapter à la taille de l’écran du terminal (smartphone, tablet PC), et c’est donc lui qu’on utilisera pour lire le cours sur la tablette. Il existe des éditeurs complets et puissants, tel sigil, mais on peut faire plus simple, à partir d’un traitement texte libre comme OpenOffice.org ou LibreOffice. Il suffit simplement de rajouter l’extension writer2epub, réalisée par Luca Calcinai, qui ajoute une petite barre d’outil de trois boutons, permettant de créer un document epub à partir d’un fichier texte (format odt).

« writre2epub » offre des outils simples et efficaces

Le premier des boutons permet de créer, en quelques secondes, un fichier epub qui porte le même nom que le fichier texte sur lequel on travaille.

Placer son fichier en ligne

Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour placer ses documents en ligne. l’une des plus populaire est Dropbox, qui a pour avantage de proposer un client (logiciel installé sur l’ordinateur) qui synchronise à la fois le stockage en ligne et un dossier du disque dur. Concrètement, lorsque j’enregistre un fichier dans le dossier Dropbox de mon disque dur, il est également placé en ligne sur mon compte personnel.

enregistrement de fichier dans le dossier Dropbox

L’icône verte signale que le fichier est à la fois sur le disque dur et sur le compte personnel en ligne

Attention : Dropbox est un produit commercial avec une offre d’appel gratuite de 2 Go. Il est déconseillé d’y placer des données sensibles non chiffrées. Voir ici pour faire le point sur les polémiques liées aux conditions d’utilisation.

Récupérer et lire son document

L’opération suivante consiste à récupérer le document sur sa tablette. Pour le système Android, Dropbox propose un client de connexion, disponible gratuitement également sur l’Android Market. Ici, l’icône sur un Archos 70b ereader :

Ensuite, par le wifi, on se connecte à son compte et on récupère son document :

Si le wifi n’est pas disponible, il faut alors passer une connexion physique : câble tablette – ordinateur ou carte sd. Il ne reste ensuite qu’à faire cours…

Conclusion

Il faut bien sûr, pour adopter ce système, être prêt à une mutation, le rapport au cours étant si physique, mais on y gagne sur plusieurs points. L’ensemble des cours est accessible dès qu’il y a une connexion (ou en permanence si on les installe sur la mémoire de la tablette ou une carte sd). On évite donc la laborieuse opération de l’impression, d’autant que les mises à jours sont fluides : si je modifie mon fichier texte d’origine, je procède à un ré-export en epub avec un simple bouton, et ,à la prochaine ouverture sur la tablette, je dispose de la dernière version de mon cours.